Miracles sur asphalte en Formule 1
La victoire d’Hamilton au Bahreïn fut anecdotique, tant la course a été marquée par des accidents, particulièrement celui de Grosjean
« Ça va… enfin plus ou moins » : Romain Grosjean est miraculeusement sorti sain et sauf de l’incendie de sa monoplace après un effroyable accident au départ du Grand Prix de Bahreïn de F1, remporté dimanche par Lewis Hamilton.
Victime de brûlures sur le dos des mains, mais pas de côtes cassées, comme craint un temps, le pilote français a donné de ses nouvelles dans une vidéo diffusée sur Instagram, dans lequel on le voit souriant, les mains bandées sur le lit d’hôpital où il passera la nuit.
Retour sur le premier tour du Grand Prix, virage 3 : sa Haas quitte la piste après un contact avec le Russe Daniil Kvyat (AlphaTauri) et heurte, à 220 km/h, les barrières de sécurité. Son châssis est coupé en deux, « le réservoir de carburant n’est probablement pas resté intègre », selon le dirigeant de son écurie, Guenther Steiner, et un violent incendie se déclare sur-le-champ.
Cette boule de feu renvoie à « un autre temps », remarque Hamilton, où les F1 partaient régulièrement en flammes quand elles étaient accidentées.
Après quelques minutes qui ont semblé des heures, les caméras de télévision montrent le pilote de 34 ans s’extraire seul de la « cellule de survie » (l’habitacle renforcé) de sa F1 et s’éloigner du brasier en tremblant, aidé par le pilote de la voiture médicale des GP.
« C’est un miracle qu’il soit vivant », commente notamment l’ancien pilote britannique Damon Hill, quand le directeur sportif de la F1, Ross Brawn, promet une « enquête poussée ».
Une seule bottine aux pieds, boitillant, Grosjean a quitté en ambulance la piste du circuit de Sakhir dans des Lotus à moteur Renault, avant d’être transféré par hélicoptère à l’hôpital.
« Je n’avais jamais vu autant de flammes et un impact comme celui-ci [53 g selon la Fédération internationale de l’automobile, contre 0,4 g au décollage d’un avion de ligne et entre 0,5 et 3,3 g au départ de montagnes russes] », raconte Alan van der Merwe, qui pilote la voiture médicale depuis 2009.
« Tous les systèmes que nous avons développés — le halo [l’arceau qui surplombe le cockpit des F1 pour protéger la tête des pilotes], les barrières de sécurité, les ceintures — ont fonctionné comme prévu, se félicitet-il. Sans un seul de ces éléments, le résultat aurait pu être très différent. »
Le pilote Haas, lui, rend particulièrement grâce au halo, dont il n’était
C’est un » m iracle qu’il soit vivant DAMON HILL
pas un partisan à son introduction en 2018, mais « sans qui [il] ne [serait] pas là aujourd’hui », car il lui a vraisemblablement évité une grave blessure quand sa voiture s’est encastrée sous les barrières de sécurité.
« Les risques que nous prenons sont réels, pour ceux qui oublient que nous mettons notre vie en jeu pour ce sport et ce que nous aimons faire, a tweeté le Britannique Hamilton.
Au-delà des résultats, ce sont surtout les accidents spectaculaires qui ont retenu l’attention pendant cette course, marquée aussi par l’abandon du Québécois Lance Stroll. Le pilote de Racing Point a été accroché par le pilote Alpha Tauri Daniil Kvyat — le même à l’origine de l’accident de Grosjean — à l’entrée d’un virage, et sa voiture s’est retournée sur elle-même. Une fois de plus, il y a eu plus de peur que de mal.
Le dernier accident mortel dans la catégorie reine est celui du Français Jules Bianchi, entré en collision avec une grue lors du Grand Prix du Japon 2014. Le pilote français de Formule 2 Anthoine Hubert a lui perdu la vie dans un accident avec une autre monoplace au GP de Belgique 2019.