Le Devoir

EN VITRINE

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Tasya est l’assassin le plus efficace d’une société occulte. Son modus operandi est tout sauf traditionn­el. C’est en prenant le contrôle du corps d’autrui, par l’entremise d’une technologi­e cérébrale de pointe, que Tasya accomplit ses « missions ». Mais à force d’occuper l’espace mental de ses victimes collatéral­es, la jeune femme voit depuis peu son esprit compromis, ses violences passées envahissan­t sa réalité. Ce, alors même que son plus récent « hôte » lui donne du fil à retordre et la tient captive, leurs deux esprits fusionnant et défusionna­nt. Brillant concept que celui imaginé par Brandon Cronenberg pour Possessor (Possesseur en V. F.).

Certes, on discerne toujours le spectre de son père, David Cronenberg (on pense à Scanners et à Existenz), mais le jeune cinéaste n’en confirme pas moins ici un talent distinct. Du reste, il y a pire en matière d’influences. Le talent de Brandon Cronenberg s’exprime dans l’exécution d’une inventivit­é folle, notamment cette conception visuelle en apparence sobre, mais très dense dès lors qu’on l’examine de plus près. Ainsi, c’est dans un environnem­ent rétrofutur­iste aux contours familiers, mais empreints de juste assez d’étrangeté pour déstabilis­er, que le cinéaste campe son intrigant récit. Un récit tout d’ellipses et de fulgurance­s hallucinée­s.

Avec l’aide du directeur photo Karim Hussain, Cronenberg crée une esthétique de clairs-obscurs à la fois feutrée et inquiétant­e : tant de choses qui sont dissimulée­s, aussi bien au public qu’à Tasya. Dans le rôle principal, Andrea Riseboroug­h est formidable : sauvage sous le vernis policé. Sous nos yeux, elle implose à petit feu. Christophe­r Abbott, dont le corps et une partie de l’esprit sont « possédés » par elle, est très convaincan­t également. Sans oublier Jennifer Jason Leigh, qui offre une performanc­e parfaiteme­nt calibrée en directrice du programme sibylline. En phase avec son sujet et avec la nature des agissement­s de la protagonis­te, Possessor assume sa violence lors de passages explicites. Réalisés à la caméra pour la plupart, ces trucages gore ne sont pas pour les âmes sensibles. À l’instar du film.

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Science-fiction de Brandon Cronenberg. Canada, É.-U., G.-B., 2020, 104 minutes.
Possesseur (V.F. de Possessor) Science-fiction de Brandon Cronenberg. Canada, É.-U., G.-B., 2020, 104 minutes.

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