Le Devoir

Un quartier ébranlé par la mort d’une fillette à Laval

- JESSICA NADEAU

La paisible rue de Boutillier, à Laval, s’est transformé­e en scène de crime depuis qu’une fillette de sept ans a été trouvée sans vie dans une résidence cossue du secteur Chomedey. Le drame qui a secoué la famille afghane est toujours considéré comme une « mort suspecte » selon la police, mais aucune arrestatio­n n’a encore été faite.

Les lumières de Noël sont éteintes aux fenêtres, qui ont été recouverte­s par les policiers pour éviter les regards indiscrets. À l’intérieur, des enquêteurs de l’identité judiciaire reconstitu­ent la scène pour tenter de comprendre ce qui s’est déroulé dans cette maison.

« Il y a présenteme­nt 12 enquêteurs sur place avec l’identité judiciaire qui sont experts en scènes de crime, explique Stéphanie Beshara, agente aux affaires publiques au Service de police de Laval. Il y a également le laboratoir­e judiciaire qui va être ici cet après-midi pour nous assister. Les enquêteurs travaillen­t très fort pour comprendre les circonstan­ces entourant le décès de la fillette. »

Au moment de l’arrivée des agents sur les lieux dimanche après-midi, six membres de la famille, en plus de la victime, étaient sur les lieux, confirme la police. Ces derniers ont tous été rencontrés avec un interprète au cours de la nuit, car ils parlent le farsi. Ils sont tous considérés comme des « témoins » à cette étape de l’enquête.

La police n’est pas en mesure de confirmer si la jeune fille est décédée des suites de maltraitan­ce. « Ce sont des informatio­ns qu’on ne peut divulguer pour l’instant », explique Stéphanie Beshara. Cette dernière affirme qu’une autopsie devrait être faite sur la jeune victime dans la journée de lundi. « L’autopsie va vraiment permettre de savoir ce qui s’est passé exactement et ce qui a causé le décès de la fillette. » En fin de journée lundi, la police de Laval n’était toujours pas en mesure de communique­r les résultats de l’autopsie.

Sous le choc

Dans le quartier, personne ne connaissai­t vraiment la famille afghane, mais ils sont nombreux à venir s’enquérir des derniers développem­ents. « Tout le monde se connaît dans le quartier, on prend tous des marches,

Tout le monde se connaît dans le quartier, on prend tous des marches, mais eux, ils sont un peu plus réservés

ARUNEN CHELLAN

mais eux, ils sont un peu plus réservés », explique Arunen Chellan, 26 ans, qui a grandi dans ce quartier, qu’il a toujours considéré comme très sécuritair­e. « C’est vraiment un choc, on ne pense jamais qu’un tel drame va arriver aussi près de chez nous. »

« C’est tellement triste ce qu’il s’est passé, commente à son tour Lina Hajjar, qui habite à quelques maisons de celle où est survenu le drame. Je ne les connaissai­s pas, on ne les voyait jamais. C’est un quartier familial, très paisible, un beau quartier. »

Tous les voisins rencontrés par Le Devoir affirment ne pas connaître la famille, qui se faisait très discrète. « On voyait la grand-mère qui faisait sa marche le matin. Une fois, cet automne, elle était accompagné­e de la petite fille, mais on ne les connaissai­t pas. On disait bonjour à la grand-mère, mais elle ne répondait jamais, alors on a arrêté de la saluer », raconte Arren Alsayad, une voisine qui habite le quartier depuis sept ans. « On est tous très proches dans le quartier, on connaît tout le monde, sauf eux. »

Une voisine, qui préfère taire son nom, affirme avoir entendu à quelques reprises des cris d’enfants en provenance de cette maison au cours de l’été et de l’automne. « Des cris comme d’une enfant en crise. » Elle ne s’en est pas formalisée, car on lui avait affirmé qu’une enfant de la famille faisait souvent des crises en raison de problèmes d’anxiété.

Daniel et Christiane, un couple qui marche régulièrem­ent dans le secteur, affirment également avoir vu une fillette qui « pleurait très fort » sur le balcon de la maison l’été dernier. Ils lui ont demandé si elle avait besoin d’aide, mais elle ne semblait pas comprendre. Ils ont vu un autre enfant ouvrir la porte pour la faire entrer dans la maison et n’en ont pas fait de cas jusqu’à ce qu’ils voient qu’un drame s’était déroulé dans le quartier. « C’est tellement triste », se désole le couple.

La conseillèr­e municipale de Laval du quartier Saint-Martin, Aline Dib, est elle aussi venue sur les lieux lundi après-midi après avoir reçu plusieurs appels de voisins inquiets qui espéraient avoir des explicatio­ns sur le drame qui s’est déroulé dans le quartier. « C’est vraiment un drame horrible, c’est toute la communauté qui est ébranlée », affirme-t-elle.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Des enquêteurs de l’identité judiciaire ont reconstitu­é la scène pour tenter de comprendre le drame qui s’est joué dans cette maison de la rue de Boutillier, à Laval.

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