Il faudra plus que des excuses
Alors que certains vacanciers « regrettent » leur départ vers les destinations soleil, comme la Barbade, d’autres tentent de rationaliser leur expédition hivernale dans un tout inclus dans le Sud. Parmi les arguments populaires mobilisés :
« Je serai probablement plus en sécurité là-bas qu’ici » et « J’en ai besoin pour ma santé mentale ». Pour étayer leur point de vue, ils utilisent de nombreux chiffres et faits : taux de propagation par 100 000 habitants plus faible, mesures sanitaires rigoureusement respectées, quarantaine au retour, etc. N’étant pas un expert, je ne remets pas en question ces affirmations. Par contre, je ne peux m’empêcher de percevoir dans ces explications une tentative, à peine voilée, de justifier un manque criant de solidarité.
Personnellement, l’idée de m’envoler avec ma famille ou ma gang de chums pour aller prendre des cervezas au bord de la mer me met très mal à l’aise. En temps de crise, on se doit d’être solidaire envers ceux qui sont au front, ceux qui se battent pour nous. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le rationnement était le lot de presque tous les Canadiens. C’était un sacrifice qu’on considérait comme minime par rapport à celui des hommes et des femmes qui s’enrôlaient pour aller se battre contre l’ennemi nazi. Chacun, peu importe où il était au pays, faisait son effort de guerre. Aujourd’hui, nous sommes à nouveau en crise, en guerre contre un ennemi invisible qui pousse notre système de santé bien au-delà de ses limites. Ceux qui se battent pour nous, ce sont les travailleurs essentiels et les professionnels de la santé qui travaillent, sans relâche, depuis des mois contre le virus. Alors que les infirmières accumulent heures supplémentaires sur heures supplémentaires, alors que le nombre de cas explose, alors que le gouvernement a dû annuler les rassemblements permis pour Noël, alors que les urgences débordent, partir dans le Sud, c’est faire un pied de nez à ceux qui se battent pour nous. Rester au Québec, c’est un sacrifice minime.
Dans les temps difficiles, chacun doit faire des efforts pour le bien commun. Alors vous qui aurez fait le plein de vitamine D, je vous invite à faire des gestes réparateurs pour redevenir des citoyens exemplaires. Partir dans le Sud n’était peut-être pas un choix judicieux, mais maintenant que vous êtes revenus, vous pouvez encore agir. Il n’est jamais trop tard pour se reprendre et, comme on dit, « faute avouée est à demi pardonnée ».
Mikaël Morin
Le 31 décembre 2020