GÉNÉRATION COVID, L’ÉDITORIAL DE MARIE-ANDRÉE CHOUINARD
Sur le front dévastateur de la COVID-19, la jeunesse ne cesse de s’enfoncer dans la cale des grands perdants. Dans le grand plan de reconfinement exposé mercredi par le premier ministre François Legault, les jeunes du secondaire perdent encore au change, avec des conséquences que nous paierons longtemps : une première fois en étirant la fermeture des écoles secondaires ; une deuxième fois avec l’application d’un couvre-feu qui semble plus que tout autre groupe d’âge viser la jeunesse tentée de pratiquer l’art interdit — mais nécessaire — de la socialisation, sans la moindre étude soutenant cette stratégie de « l’électrochoc ».
Le verdict est tombé, avec promesse de précisions à venir jeudi en provenance du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge : pour les élèves du primaire, on pousse un soupir de soulagement, le retour est prévu lundi prochain comme convenu, mais les masques chirurgicaux font subrepticement leur apparition dans le décor ; pour les élèves du secondaire, une semaine de pénitence s’ajoute au plan convenu, et les voilà condamnés un peu plus au sous-sol ou à l’étage jeux vidéo. Cette mise sous verre de l’école secondaire contredit ce que la science semble nous enseigner, et elle s’ajoute à tout ce qui constitue depuis des semaines l’écroulement lent, mais certain, du tandem éducation socialisation si vital à la constitution des jeunes.
Dans une lettre ouverte publiée sur nos plateformes numériques, une centaine de médecins ajoutent leur voix à celle des pédiatres pour demander que les écoles rouvrent à compter du 11 janvier, comme convenu, cela leur paraissant « éthiquement et scientifiquement la meilleure décision, peu importe la situation épidémiologique ». Nous souscrivons entièrement non seulement à leur cri du coeur mais aussi aux arguments qui le soutiennent : la fermeture des écoles n’a pas été ciblée comme une mesure efficace pour contrôler la transmission du virus (d’ailleurs, elles sont fermées depuis trois semaines sans le moindre effet sur une diminution des cas quotidiens) ; les cas de COVID dans les écoles — car il y en a — ne sont pas associés à des cas sévères ; et les fermetures d’écoles peuvent entraîner des effets pervers graves, comme la pénurie de personnel dans les hôpitaux et la contamination de grands-parents appelés en renforts pour garder les élèves reclus à la maison.
Mais les effets délétères les plus graves de ces interruptions de service scolaires se trouvent dans les champs de la réussite scolaire, de la persévérance, de la santé mentale et de la socialisation, quatre axes majeurs qui peuvent faire la différence entre une jeunesse écorchée vive ou au contraire droite et fière. Comme le rappellent les experts revendiquant le maintien des écoles ouvertes, les données scientifiques et les indicateurs ne manquent pas dans ces champs pour rehausser les niveaux d’inquiétude, et même d’alerte. Y aura-t-il une génération COVID ? La question semble grossière, mais plusieurs s’inquiètent des assauts multiples visant la jeunesse et craignent des effets à long terme.
Les premiers bulletins sont attendus pour la fin janvier, et le ministre Roberge a déjà avancé qu’il attendrait cette « information » avant de crier au drame, mais une première évaluation effectuée par les directions d’école laisse croire que les taux d’échec au secondaire sont trois fois plus importants qu’en temps normal. Dans les années charnières du secondaire, la persévérance est aussi attaquée en plein coeur, avec des taux de décrochage qui seront très certainement préoccupants, tant cette valse-hésitation entre l’école et la maison a envoyé tous les signaux contraires à l’importance de fréquenter l’école. Pour tous les élèves dont les acquis dans les matières de base comme le français et les mathématiques sont fragiles, les derniers mois n’auront pas permis la stabilité et la récurrence indispensables pour solidifier les acquis.
Des propositions de camps pédagogiques et de soutien additionnel fourni par des apprentis éducateurs sont à considérer sérieusement pour tous ces enfants pour qui l’école ne pourra rimer avec succès que s’ils réussissent la base avant de songer à franchir de nouvelles étapes. On a beaucoup parlé des élèves du primaire et du secondaire, mais au cégep et à l’université, les dommages collatéraux de la COVID seront aussi importants.
Les experts ont noté — une autre base documentée — une augmentation des troubles anxieux dépressifs chez les jeunes, un indicateur qui enseigne que la santé mentale, déjà le parent pauvre en période « normale », est fragile chez beaucoup. À l’expérience difficile de l’enseignement à distance, au stress de la pandémie, voilà qu’on ajoute le couvercle d’un mois de couvre-feu visant apparemment les résidus de socialisation des jeunes. Ce fardeau accablant ne pourra pas être sans conséquences. désormais rue de la Grande Paix. Le général Sherbrooke a été actif en Nouvelle-Angleterre et en Nouvelle-Écosse. Il n’a occupé des fonctions au Bas-Canada que pendant deux courtes années avant de retourner en Angleterre. Ce rôle historique est trop secondaire pour mériter le nom de la principale artère de Montréal, alors que la Grande Paix de 1701 est un événement majeur de l’histoire de la ville et du Québec.
Le général Sherbrooke est d’ailleurs déjà présent dans la toponymie de la province. La sixième ville en importance du Québec porte son nom, ainsi qu’une université. C’est bien suffisant pour le rôle qu’il a joué ici.
Deuxième proposition : reproduire sur une plaque de bronze de bonne dimension les signatures des Autochtones qui étaient constituées de jolis dessins audessous desquels on a écrit les noms de leurs nations.
Cette proposition se situe dans la droite ligne de ce qu’on a fait avec la rue Amherst, qui porte maintenant le beau nom amérindien d’Atateken.
Ces peuples ayant été les premiers humains à occuper cette terre il y a environ 12 000 ans, voilà une belle manière de commencer l’année et de célébrer par un geste significatif la réconciliation tant souhaitée avec les Premières Nations.