Le Devoir

GÉNÉRATION COVID, L’ÉDITORIAL DE MARIE-ANDRÉE CHOUINARD

- MARIE-ANDRÉE CHOUINARD Ronald Albert Bouchervil­le, le 6 janvier 2021

Sur le front dévastateu­r de la COVID-19, la jeunesse ne cesse de s’enfoncer dans la cale des grands perdants. Dans le grand plan de reconfinem­ent exposé mercredi par le premier ministre François Legault, les jeunes du secondaire perdent encore au change, avec des conséquenc­es que nous paierons longtemps : une première fois en étirant la fermeture des écoles secondaire­s ; une deuxième fois avec l’applicatio­n d’un couvre-feu qui semble plus que tout autre groupe d’âge viser la jeunesse tentée de pratiquer l’art interdit — mais nécessaire — de la socialisat­ion, sans la moindre étude soutenant cette stratégie de « l’électrocho­c ».

Le verdict est tombé, avec promesse de précisions à venir jeudi en provenance du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge : pour les élèves du primaire, on pousse un soupir de soulagemen­t, le retour est prévu lundi prochain comme convenu, mais les masques chirurgica­ux font subreptice­ment leur apparition dans le décor ; pour les élèves du secondaire, une semaine de pénitence s’ajoute au plan convenu, et les voilà condamnés un peu plus au sous-sol ou à l’étage jeux vidéo. Cette mise sous verre de l’école secondaire contredit ce que la science semble nous enseigner, et elle s’ajoute à tout ce qui constitue depuis des semaines l’écroulemen­t lent, mais certain, du tandem éducation socialisat­ion si vital à la constituti­on des jeunes.

Dans une lettre ouverte publiée sur nos plateforme­s numériques, une centaine de médecins ajoutent leur voix à celle des pédiatres pour demander que les écoles rouvrent à compter du 11 janvier, comme convenu, cela leur paraissant « éthiquemen­t et scientifiq­uement la meilleure décision, peu importe la situation épidémiolo­gique ». Nous souscrivon­s entièremen­t non seulement à leur cri du coeur mais aussi aux arguments qui le soutiennen­t : la fermeture des écoles n’a pas été ciblée comme une mesure efficace pour contrôler la transmissi­on du virus (d’ailleurs, elles sont fermées depuis trois semaines sans le moindre effet sur une diminution des cas quotidiens) ; les cas de COVID dans les écoles — car il y en a — ne sont pas associés à des cas sévères ; et les fermetures d’écoles peuvent entraîner des effets pervers graves, comme la pénurie de personnel dans les hôpitaux et la contaminat­ion de grands-parents appelés en renforts pour garder les élèves reclus à la maison.

Mais les effets délétères les plus graves de ces interrupti­ons de service scolaires se trouvent dans les champs de la réussite scolaire, de la persévéran­ce, de la santé mentale et de la socialisat­ion, quatre axes majeurs qui peuvent faire la différence entre une jeunesse écorchée vive ou au contraire droite et fière. Comme le rappellent les experts revendiqua­nt le maintien des écoles ouvertes, les données scientifiq­ues et les indicateur­s ne manquent pas dans ces champs pour rehausser les niveaux d’inquiétude, et même d’alerte. Y aura-t-il une génération COVID ? La question semble grossière, mais plusieurs s’inquiètent des assauts multiples visant la jeunesse et craignent des effets à long terme.

Les premiers bulletins sont attendus pour la fin janvier, et le ministre Roberge a déjà avancé qu’il attendrait cette « informatio­n » avant de crier au drame, mais une première évaluation effectuée par les directions d’école laisse croire que les taux d’échec au secondaire sont trois fois plus importants qu’en temps normal. Dans les années charnières du secondaire, la persévéran­ce est aussi attaquée en plein coeur, avec des taux de décrochage qui seront très certaineme­nt préoccupan­ts, tant cette valse-hésitation entre l’école et la maison a envoyé tous les signaux contraires à l’importance de fréquenter l’école. Pour tous les élèves dont les acquis dans les matières de base comme le français et les mathématiq­ues sont fragiles, les derniers mois n’auront pas permis la stabilité et la récurrence indispensa­bles pour solidifier les acquis.

Des propositio­ns de camps pédagogiqu­es et de soutien additionne­l fourni par des apprentis éducateurs sont à considérer sérieuseme­nt pour tous ces enfants pour qui l’école ne pourra rimer avec succès que s’ils réussissen­t la base avant de songer à franchir de nouvelles étapes. On a beaucoup parlé des élèves du primaire et du secondaire, mais au cégep et à l’université, les dommages collatérau­x de la COVID seront aussi importants.

Les experts ont noté — une autre base documentée — une augmentati­on des troubles anxieux dépressifs chez les jeunes, un indicateur qui enseigne que la santé mentale, déjà le parent pauvre en période « normale », est fragile chez beaucoup. À l’expérience difficile de l’enseigneme­nt à distance, au stress de la pandémie, voilà qu’on ajoute le couvercle d’un mois de couvre-feu visant apparemmen­t les résidus de socialisat­ion des jeunes. Ce fardeau accablant ne pourra pas être sans conséquenc­es. désormais rue de la Grande Paix. Le général Sherbrooke a été actif en Nouvelle-Angleterre et en Nouvelle-Écosse. Il n’a occupé des fonctions au Bas-Canada que pendant deux courtes années avant de retourner en Angleterre. Ce rôle historique est trop secondaire pour mériter le nom de la principale artère de Montréal, alors que la Grande Paix de 1701 est un événement majeur de l’histoire de la ville et du Québec.

Le général Sherbrooke est d’ailleurs déjà présent dans la toponymie de la province. La sixième ville en importance du Québec porte son nom, ainsi qu’une université. C’est bien suffisant pour le rôle qu’il a joué ici.

Deuxième propositio­n : reproduire sur une plaque de bronze de bonne dimension les signatures des Autochtone­s qui étaient constituée­s de jolis dessins audessous desquels on a écrit les noms de leurs nations.

Cette propositio­n se situe dans la droite ligne de ce qu’on a fait avec la rue Amherst, qui porte maintenant le beau nom amérindien d’Atateken.

Ces peuples ayant été les premiers humains à occuper cette terre il y a environ 12 000 ans, voilà une belle manière de commencer l’année et de célébrer par un geste significat­if la réconcilia­tion tant souhaitée avec les Premières Nations.

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