Le Devoir

Le vaccin victime des volte-faces

Le chef de l’opération affirme qu’il n’était pas au courant de l’objectif du ministre de la Santé

- MARCO BÉLAIR-CIRINO CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

L’équipe du ministre de la Santé, Christian Dubé, avait fixé comme objectif de vacciner 57 000 personnes contre la COVID-19 en moins d’un mois sans pour autant en aviser le numéro un de l’équipe de vaccinatio­n.

Le directeur de la campagne de la vaccinatio­n, Daniel Paré, avait, lui, reçu la consigne d’en vacciner deux fois moins (27 000 personnes), afin de garantir l’injection d’une seconde dose à toutes les premières personnes vaccinées. « Le 31 décembre, c’est là que j’ai eu le message [d’utiliser toutes les doses]. Sur l’heure du midi, j’ai convoqué tous les p.-d.g. [des CISSS et des CIUSSS] pour leur dire : “La stratégie vient de changer.” […] On ouvre la machine et on vaccine », a-t-il relaté lors d’un entretien téléphoniq­ue avec Le Devoir jeudi.

La cible de « 57 000 personnes vaccinées » apparaissa­it dans le communiqué diffusé par le cabinet du ministre de la Santé lors de l’arrivée de M. Paré à la tête de l’équipe de vaccinatio­n, le 8 décembre dernier, ce que le principal intéressé — M. Paré — a dit ignorer.

Appelé à dissiper la confusion, le cabinet du ministre de la Santé a expliqué jeudi avoir dû renoncer, quelque part en décembre, à l’objectif de vacciner 57 000 personnes sous la pression du géant pharmaceut­ique Pzifer, qui l’invitait à mettre sur pied une réserve de deuxièmes doses. Il a tu l’informatio­n jusqu’au 29 décembre dernier.

« L’approvisio­nnement n’était pas sécurisé », a dit pour sa part M. Paré

Le 31 décembre, c’est là que j’ai eu le message [d’utiliser toutes les doses]. Sur l’heure du midi, j’ai convoqué tous les p.-d.g. [des CISSS et des CIUSSS] »

pour leur dire : “La stratégie vient de changer.”

DANIEL PARÉ

au Devoir. La levée de l’obligation d’entreposer la moitié des doses, le 31 décembre dernier, a « changé complèteme­nt [la] séquence » de vaccinatio­n, a-t-il poursuivi. Par exemple, l’opération pourra se mettre en branle dans les résidences privées pour aînés (RPA) fin janvier et non à la mi-mars comme il le prévoyait.

Au moment où elle a appris devoir « tout changer » son « plan » initial, l’équipe de vaccinatio­n jonglait avec le vaccin de Moderna, dont elle avait reçu les premières doses la veille. « Les gens n’étaient pas formés. On n’avait pas eu la monographi­e. On a formé les gens pendant la période du jour de l’An. On a envoyé les vaccins », a expliqué M. Paré, disant tout mettre en oeuvre afin de raccourcir le délai entre la réception et l’inoculatio­n des vaccins.

Accélérer la cadence

Le chef de la campagne de la vaccinatio­n s’engage à écouler les doses au plus tard une semaine après les avoir reçues. « Une semaine, c’est le maximum. J’essaie toujours de le réduire. Mais, des fois ce n’est pas possible, parce que le Québec est grand », a-t-il affirmé.

Chose certaine, l’équipe de vaccinatio­n augmentera considérab­lement la cadence, de quelque 10 000 injections par jour à 50 000, 60 000, 70 000 injections par jour en juin, a indiqué M. Paré.

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