Le Devoir

Un couvre-feu appliqué avec le « gros bon sens » des policiers

Des zones d’ombre demeurent sur l’applicatio­n de cette mesure

- GUILLAUME LEPAGE LE DEVOIR

Une personne devant sortir son chien à la tombée du couvre-feu pourra le faire dans un rayon d’un kilomètre de son domicile

Les policiers feront preuve de « gros bon sens » dans l’applicatio­n du couvre-feu à compter de samedi, mais il faudra « de bonnes raisons » pour se retrouver à l’extérieur entre 20 h et 5 h, insiste Québec, qui doit encore éclaircir des zones grises à deux jours de son entrée en vigueur.

« L’idée n’est pas de coincer les gens », mais de combattre le « fléau » des rassemblem­ents privés d’une « minorité » de contrevena­nts, a soutenu en point de presse jeudi la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. À ses yeux, cette nouvelle mesure stricte ne « changera à toutes fins pratiques pas grand-chose » à la vie de ceux qui respectent déjà les règles sanitaires.

À compter de 20 h ce samedi, un policier intercepta­nt une personne n’ayant pas une raison jugée valable de circuler à l’extérieur de sa résidence pendant le couvre-feu s’exposera à une amende salée de 1000 $, distribuée sur-le-champ. « Le policier va user de son discerneme­nt et de son bon jugement dans l’appréciati­on [des] motifs », a plus d’une fois fait valoir la numéro deux du gouverneme­nt caquiste.

Puisque « le gros bon sens commande des exceptions », a-t-elle ajouté, Québec entend en dresser la liste exhaustive. Ces cas de figure seront inclus dans le décret pour guider l’action des policiers à travers la province.

Chose certaine : les travailleu­rs essentiels, ceux qui sont aux prises avec une urgence familiale ou devant se rendre au chevet d’un mourant ou d’un proche malade seront autorisés à se déplacer pendant le couvre-feu.

Par ailleurs, une personne devant sortir son chien à la tombée du couvre-feu pourra le faire dans un rayon d’un kilomètre de son domicile. Il sera également possible de se retrouver dans sa cour ou sur le terrain privé de sa maison après 20 h.

Pour « faciliter le travail » des agents de la paix, Geneviève Guilbault a fortement encouragé les gens concernés à se doter d’une preuve justifiant leur déplacemen­t. Elle a ainsi donné l’exemple d’une carte d’hôpital dans le cas d’un infirmier ou encore d’un reçu de caisse de la pharmacie.

Cela étant, il ne sera pas obligatoir­e de fournir un document « officiel », à l’instar de certains pays comme la France. Le gouverneme­nt a néanmoins mis à la dispositio­n des employeurs sur son site Web un modèle d’attestatio­n pour ses employés.

La ministre Guilbault a également lancé un message aux personnes victimes de violence conjugale. « Le couvrefeu […] ne doit surtout pas vous empêcher de quitter un milieu de vie violent ou qui compromet votre sécurité ou celle de vos enfants », a-t-elle plaidé, les invitant à se tourner vers les ressources d’hébergemen­t et les autres services d’aide qui demeurent disponible­s.

Questions en suspens

D’ici l’entrée en vigueur du couvrefeu, plusieurs ficelles doivent encore être attachées avant de publier le décret, a concédé la ministre Guilbault. Certaines règles sont en révision.

Une rencontre est d’ailleurs prévue vendredi entre les principaux corps policiers de la province, le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) et les ministères de la Sécurité publique et de la Justice. « Quand on parle de pouvoir donner des amendes, il y a toujours le ministère de la Justice qui a un rôle important à jouer là-dedans », a précisé Mme Guilbault.

Le nombre de patrouille­urs sera-t-il revu à la hausse pendant le couvre-feu ? Des secteurs seront-ils davantage quadrillés que d’autres ? En réponse à ces questions, Mme Guilbault a lancé la balle dans le camp des forces de l’ordre. « La présence policière, la visibilité, la façon d’intervenir et tout ça, ce sera à la discrétion des corps de police. »

Cela dit, pas question d’ériger des barrages routiers comme au printemps dernier, a relevé Geneviève Guilbault, tout en rappelant que les déplacemen­ts entre les régions sont non recommandé­s. « On juge que le couvre-feu est tout aussi vigoureux, sinon plus. »

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La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE CORONAVIRU­S La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault

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