MARIO DION
Commissaire à l’éthique
Le Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique d’Ottawa réalisera-t-il son tour du chapeau en 2021 en condamnant pour une troisième fois un même premier ministre en exercice ? C’est à l’actuel patron du Commissariat, le Québécois Mario Dion, que reviendra cette tâche, lui qui doit rendre public, probablement en début d’année, son rapport tant attendu sur l’affaire UNIS (WE Charity).
Le chien de garde de l’éthique devra déterminer si Justin Trudeau aurait dû, urgence pandémique ou pas, se récuser des discussions portant sur l’octroi d’un contrat de gestion de programme à cet organisme de charité — Mouvement UNIS — avec lequel sa famille entretient des liens étroits. Le programme, visant à encourager financièrement les jeunes à faire du bénévolat pendant la pandémie, avait une valeur de 912 millions de dollars. UNIS aurait empoché 43,5 millions pour sa peine.
Si M. Dion devait condamner le premier ministre, alors celui-ci en serait à sa troisième incartade, après sa condamnation pour son voyage sur l’île privée de l’Aga Khan (2017) et celle pour ses tentatives d’influence de sa ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould dans l’affaire SNC-Lavalin (2019).
M. Trudeau est le seul premier ministre canadien à avoir été condamné pour conflit d’intérêts par le Commissariat. L’opposition à la Chambre des communes salive déjà à l’idée de pouvoir brandir le rapport « Trudeau 3 », comme elle ne manquera certainement pas de l’appeler. S’en servira-t-elle pour faire tomber le gouvernement minoritaire et précipiter le pays en élection en pleine pandémie ? Ou se souviendra-t-elle qu’en 2019, le rapport « Trudeau 2 », publié quatre semaines avant le déclenchement de la campagne électorale, n’avait pas influencé de manière significative le déroulement de celle-ci ? Ce sera sans nul doute le plus grand suspense de la scène politique fédérale.