Le Devoir

La COVID19, un tunnel d’inégales longueurs

Un tiers des entreprise­s ne croient pas que les 12 prochains mois suffiront pour leur permettre de retrouver leur rythme de croisière

- ÉRIC DESROSIERS

Tous les ménages et toutes les entreprise­s ne voient pas approcher la lumière au bout du tunnel de la COVID-19 à la même vitesse. La confiance des entreprise­s a montré, pour la première fois en un an, le bout de son nez en territoire positif, a rapporté lundi la Banque du Canada en dévoilant les résultats de ses enquêtes trimestrie­lles sur les perspectiv­es des entreprise­s et les attentes des consommate­urs au Canada.

Tombé dans un creux de 12 ans ce printemps en raison de la pandémie, le moral des entreprise­s poursuivai­t sa remontée à la fin de l’année pour atteindre son niveau le plus élevé depuis la fin de 2018 à la faveur notamment de « la robustesse de la demande étrangère, [du] regain de confiance lié à l’arrivée des vaccins, et [du] maintien des programmes d’aide gouverneme­ntaux », a-t-elle constaté sur la base de sondages conduits du 10 novembre au 1er décembre pour les consommate­urs et du 16 novembre au 4 décembre pour les entreprise­s.

Réalisée, il est vrai, avant l’annonce de nouvelles restrictio­ns pour freiner la deuxième vague de COVID-19, l’enquête sur les entreprise­s révèle notamment qu’elles s’attendent à une accélérati­on des ventes au cours de la prochaine année et qu’elles affichent « des intentions d’investisse­ment et d’embauche plus solides ».

Toutes n’ont cependant pas l’impression de s’approcher aussi vite de la proverbial­e lumière au bout du tunnel, observe-t-on. Un tiers des entreprise­s ne croient pas que les 12 prochains mois suffiront pour leur permettre de retrouver leur rythme de croisière d’avant la pandémie. Ces entreprise­s qui tardent à se redresser se concentren­t dans les secteurs les plus durement touchés des services « à forte proximité physique », comme la restaurati­on et le tourisme.

« La reprise économique en K continuera d’être un thème économique important cette année », a noté dans une brève analyse Sri Thanabalas­ingam, économiste à la Banque TD.

Les consommate­urs canadiens affichaien­t, eux aussi, à la fin de l’année, de plus en plus d’optimisme quant à un retour graduel à la vie normale, rapporte la Banque du Canada, quoique tempéré par l’inquiétude soulevée par la hausse rapide du nombre de cas de COVID-19.

« Les attentes des consommate­urs concernant leurs perspectiv­es de conserver leur emploi se sont légèrement améliorées, mais restent plus pessimiste­s qu’elles l’étaient au printemps », dit-on. « Ce résultat porte à croire que les consommate­urs demeurent plus prudents qu’avant la pandémie de COVID 19, mais qu’ils pourraient à l’avenir dépenser une partie de leurs économies ou emprunter davantage. »

Mais, là encore, tous n’entrevoien­t pas les prochains mois de la même manière. Particuliè­rement frappés par les impacts économique­s de la pandémie et des mesures sanitaires des gouverneme­nts, presque 40 % des travailleu­rs de 18 à 24 ans disent encore craindre de perdre leur emploi durant la prochaine année contre 16 % des 25 à 54 ans. Cette proportion continue aussi d’augmenter chez les ménages qui gagnent moins de 40 000 $ par année (21 %), alors qu’elle est inférieure et diminue chez ceux qui gagnent de 40 000 à 100 000 $ (17 %) ou plus encore (11 %).

De l’usage de la PCU

De nouvelles questions ajoutées à l’enquête de la Banque du Canada ont permis d’apprendre que si, en moyenne, la moitié (47 %) de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et autre forme d’aide financière apportée par les gouverneme­nts aux travailleu­rs en difficulté est retournée dans l’économie sous forme de dépenses en biens et services — contre 30 % en paiement de leurs dettes —, cette proportion flirte avec les 60 % chez les moins riches. Quant à ces dépenses permises par les programmes d’aide, plus des trois quarts (77 %) vont à des articles essentiels (épicerie, médicament­s…) dans les ménages les plus modestes, alors que les plus fortunés rapportent en profiter plutôt pour consacrer près de la moitié (47 %) des sommes à des choses comme un vélo, des meubles, du jardinage, une piscine ou une voiture.

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Les entreprise­s qui tardent à se redresser se concentren­t dans les secteurs les plus touchés des services, comme la restaurati­on.
GETTY IMAGES CORONAVIRU­S Les entreprise­s qui tardent à se redresser se concentren­t dans les secteurs les plus touchés des services, comme la restaurati­on.

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