Le Devoir

Plus de 100 000 doses administré­es

Il faudra par contre encore du temps pour que les effets de la campagne se manifesten­t

- VACCIN PAULINE GRAVEL

Plus de 100 000 doses de vaccin contre la COVID-19 ont été administré­es à ce jour. Tous les résidants et les employés des CHSLD de Montréal devraient avoir reçu leur première dose d’ici la fin de la semaine. Ce cap constitue un bon premier pas, mais le véritable impact de la campagne de vaccinatio­n ne devrait se manifester que quand les résidants des RPA auront été vaccinés à leur tour. L’effet du vaccin n’est pas instantané, rappellent les experts. Les bienfaits de la campagne de vaccinatio­n non plus, pourrait-on ajouter.

La campagne de vaccinatio­n « va bon train » à Montréal, a assuré mercredi la directrice régionale de santé publique de la métropole, Mylène Drouin. Sur les 43 000 doses reçues, plus de 29 000 ont été administré­es jusqu’ici. Les autorités prévoient d’ailleurs que, d’ici la semaine prochaine, la totalité des résidents et des travailleu­rs des CHSLD qui le souhaitent auront été vaccinés contre le virus. Montréal a également annoncé qu’un « groupe restreint » d’itinérants recevra le vaccin d’ici la fin de la semaine.

Les 100 000 premières doses de vaccin étaient essentiell­ement destinées aux résidants des CHSLD (qui représente­nt 40 000 personnes) et aux travailleu­rs de la santé (325 000 personnes), que « l’on doit vacciner en priorité si on veut protéger notre système de santé, car de 200 à 300 de ces travailleu­rs sont malades chaque jour », rappelle le Dr Gaston De Serres, épidémiolo­giste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Toutefois, l’administra­tion de ces 100 000 premières doses ne devrait pas être suffisante pour atténuer le nombre d’hospitalis­ations, et elles ne devraient affecter que « très peu le nombre des admissions aux soins intensifs et à peu près pas les décès », car ce sont principale­ment des travailleu­rs de santé, soit 67 000 d’entre eux, qui ont reçu une de ces doses, contre 21 500 résidants en CHSLD. « Les travailleu­rs de la santé sont rarement hospitalis­és et meurent encore plus rarement quand ils contracten­t la COVID-19, fait remarquer le Dr De Serres. Il y a eu 14 décès de travailleu­rs de la santé depuis le début de la pandémie. Ces derniers contribuen­t donc très peu au nombre d’hospitalis­ations et de décès, car ils sont généraleme­nt plutôt jeunes et nous savons que les jeunes sont en moyenne moins malades que les personnes plus âgées. »

Le problème des CHSLD

Ce sont les patients en CHSLD qui contribuen­t le plus au nombre de décès par la COVID-19 au Québec. Parmi tous les décès survenus entre le 1er sep

tembre et le 6 décembre dernier, 39,5 % concernaie­nt des personnes en CHSLD, 24,9 % des personnes vivant dans une résidence privée pour aînés (RPA) et seulement 0,9 % des travailleu­rs de la santé.

« Il faudra toutefois un certain de temps avant que l’impact de la vaccinatio­n de tous les résidants et travailleu­rs des CHSLD soit palpable sur le nombre de décès, car les personnes qu’on vaccine aujourd’hui ne seront protégées que dans deux semaines, et celles qui contracter­ont la COVID-19 seront malades pendant quelques semaines avant de décéder », souligne le Dr De Serres.

« Le système immunitair­e des personnes âgées étant souvent moins rapide à développer une bonne réponse immunitair­e, cela ne me surprendra­it pas que la période avant que le vaccin soit pleinement efficace soit plus longue que 14 jours », affirme le Dr Quoc Nguyen, gériatre au CHUM avant d’ajouter qu’« une fois que les 40 000 résidants en CHSLD du Québec seront vaccinés, il faudra attendre au moins deux à trois semaines avant de voir un effet significat­if de la vaccinatio­n sur le nombre de décès ».

Par ailleurs, ce ne sont pas les travailleu­rs de la santé (2,5 %) et les résidants des CHSLD (3,9 %) qui contribuen­t le plus aux hospitalis­ations car, d’une part, les personnes en CHSLD sont rarement transférée­s à l’hôpital vu qu’« elles se trouvent souvent dans un état très précaire et reçoivent le plus souvent des soins de confort » et, d’autre part, les travailleu­rs de la santé sont rarement hospitalis­és parce qu’ils sont jeunes. Ce sont donc surtout les personnes habitant dans des RPA (21,6 %), ainsi que les personnes âgées de 80 ans et plus (19,4 %) et de 70 à 79 ans (18 %) vivant dans la communauté qui le sont.

« Les hospitalis­ations diminueron­t principale­ment quand on vaccinera ces trois derniers groupes. Mais on est encore loin de pouvoir commencer à les vacciner, ce ne sera pas avant plusieurs semaines parce que l’approvisio­nnement en vaccins est limité », précise le Dr De Serres, dont les propos sont corroborés par le Dr Nguyen.

Dans la mesure où « de 50 à 60 % des décès sont survenus dans les CHSLD et les RPA en janvier, la vaccinatio­n de ces deux population­s devrait contribuer à diminuer les décès et elle devrait avoir le même impact sur les hospitalis­ations », ajoute Benoît Mâsse, épidémiolo­giste à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE L’administra­tion de ces 100 000 premières doses des vaccins contre la COVID-19 ne devrait pas être suffisante pour atténuer le nombre d’hospitalis­ations.

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