Le Devoir

L’autre contrepouv­oir

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La décision de plusieurs grandes entreprise­s américaine­s de ne plus financer les élus, surtout républicai­ns, qui n’ont pas dénoncé ouvertemen­t l’insurrecti­on du 6 janvier au Capitole fut une surprise pour bien des analystes. Mais elle met en lumière l’influence du pouvoir économique, en général négative, mais pas toujours, sur la vie politique américaine.

La vaste majorité des grandes démocratie­s occidental­es ne permettent pas les dons politiques des entreprise­s privées lors des élections afin d’éviter collusion et corruption. Toutefois, au pays de l’ultracapit­alisme, le privilège de promouvoir ses intérêts avec son argent est considéré comme un droit fondamenta­l. Un phénomène qui s’est accentué avec l’avènement des « Super PAC » à la suite d’un jugement de la Cour suprême en 2010.

Avec l’initiative de ces grandes sociétés de mieux cibler les récipienda­ires de leurs contributi­ons politiques, on assiste à une nouvelle prise de conscience du milieu économique de son influence sur les affaires de l’État et de la nation.

La balance et l’équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) dont s’inspire la Constituti­on américaine sont des concepts bien connus en science politique. Les grandes entreprise­s, par cette action concertée, essaient de jouer un rôle de contre-pouvoir, un cinquième pouvoir après le quatrième pouvoir des médias, face à des représenta­nts et à des sénateurs républicai­ns qui ont oublié leurs responsabi­lités envers la démocratie américaine pour satisfaire leur désir de réélection.

Pour les dirigeants de ces entreprise­s, un climat politique instable est néfaste pour les affaires. Ce n’est pas souvent le cas, mais ici, leurs intérêts convergent avec ceux de la préservati­on des institutio­ns politiques démocratiq­ues américaine­s… Jimmy St-Gelais

Saint-Jérôme, le 12 janvier 2021

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