Le Devoir

Renzi quitte la coalition au pouvoir, annonçant une odeur d’élections

- ITALIE ALVISE ARMELLINI

En pleine pandémie, le gouverneme­nt du premier ministre Giuseppe Conte se retrouve en sursis après la décision mercredi de Matteo Renzi de retirer son parti de la coalition au pouvoir, qui se retrouve privée de majorité au Parlement. Après des semaines de critiques et de menaces, M. Renzi, premier ministre de 2014 à 2016, a annoncé au cours d’une conférence de presse la démission des deux ministres de son parti Italia Viva : Teresa Bellanova (Agricultur­e) et Elena Bonetti (Famille).

Sans les 18 sénateurs d’Italia Viva, le gouverneme­nt dirigé par M. Conte perd sa majorité à la Chambre haute, mais elle reste en revanche suffisamme­nt large à la Chambre des députés.

Matteo Renzi reproche notamment à M. Conte sa gestion jugée solitaire de la pandémie et son plan pour dépenser les plus de 200 milliards d’euros que l’Union européenne doit octroyer à l’Italie dans le cadre de son méga plan de relance.

« Nous ne permettron­s à personne d’avoir les pleins pouvoirs […] Nous demandons le respect des règles démocratiq­ues », a estimé M. Renzi. « Nous n’avons aucun préjugé ni sur les noms ni sur les formules », a-t-il ajouté, semblant ouvert à un possible nouveau gouverneme­nt dirigé par M. Conte.

Il a en même temps exclu tout soutien à l’opposition de droite, et notamment la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini : « Nous ne donnerons jamais vie à un gouverneme­nt avec les forces de la droite souveraini­ste que nous avons combattues. »

Les deux poids lourds de la coalition, le Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystèm­e) et le Parti démocrate (centre gauche, ancienne formation de M. Renzi), ont assuré M. Conte de leur soutien. « Alors que le pays est confronté à une crise sanitaire, Renzi retire ses ministres. Je crois que personne ne comprend ce choix », a ainsi dénoncé le dirigeant du M5S Vito Crimi sur Twitter, tandis que le secrétaire adjoint du PD Andrea Orlando a déploré « une grave erreur ».

Quant à la droite et à l’extrême droite, elles ont demandé dans un communiqué conjoint que Conte « démissionn­e immédiatem­ent ou se présente devant le parlement pour un vote de confiance ». « Si la confiance lui est refusée […] il faudra organiser des élections ».

« Une crise ne serait certaineme­nt pas comprise par le pays », avait dit M. Conte avant l’annonce de M. Renzi, alors que l’Italie affronte « une situation si complexe, si difficile » et que la crise a déjà tué près de 80 000 personnes dans la péninsule. Il avait appelé ses partenaire­s à travailler « de manière constructi­ve » en vue de « retrouver une meilleure cohésion des forces de la majorité ».

Face à cette nouvelle situation, Conte pourrait demander un vote de confiance au Parlement, en espérant obtenir suffisamme­nt de voix au sein de l’opposition pour compenser le départ du parti de Renzi, même si cette option reste peu probable, le chef du gouverneme­nt estimant avoir besoin d’une majorité « solide » sans chercher « une voix par-ci, une voix par-là ».

Une autre hypothèse pourrait consister pour le premier ministre à démissionn­er et à obtenir un nouveau mandat du président de la République Sergio Mattarella avec une équipe remaniée. M. Conte s’est d’ailleurs entretenu mercredi à sa demande avec M. Mattarella.

Giuseppe Conte pourrait demander un vote de confiance au Parlement, en espérant obtenir suffisamme­nt de voix au sein de l’opposition pour compenser le départ de Renzi

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