Le Devoir

Histoires de thé pour l’heure du thé

- CATHERINE LEFEBVRE

L’après-temps des Fêtes et les peut-être un peu trop nombreux apéros durant celui-ci, le froid et la neige de janvier, le réconfort qu’on cherche à installer dans la maison… les bonnes raisons sont nombreuses pour faire entrer le rituel du thé dans nos routines. Origines, histoires et faits sur le thé autour du monde à lire avec une tasse fumante entre les mains. Origine du thé

Selon la mythologie chinoise, le père de l’agricultur­e et de la médecine, Shennong (Shen Nong), alias le divin fermier, découvre le thé dans les années 2700 avant notre ère. Alors qu’il se repose à l’ombre d’un plant de Camellia sinensis, la légende raconte que des feuilles de thé seraient tombées dans sa tasse d’eau chaude. Il craque aussitôt pour cette infusion exquise. Petit à petit, la culture et la consommati­on de thé s’installent dans les habitudes de vie chinoises. Si bien qu’au XIVe siècle de notre ère, le thé figure parmi les trois principaux produits d’exportatio­n, après la porcelaine et la soie.

Destinatio­n Japon

Ce n’est qu’autour du IXe siècle de notre ère que les premiers théiers sont plantés près des monastères au Japon. À l’époque, le thé est surtout réservé aux moines, qui s’en servent pour préparer des infusions médicinale­s et pour rester réveillés pendant leurs longues séances de méditation. Il faudra attendre au XIIe siècle pour que le moine japonais Eisai rapporte du thé en poudre de Chine. Les Japonais développen­t par la suite leur propre rituel autour de la cérémonie du thé. Elle se transforme par la suite en habitude de vie, largement ancrée dans les moeurs japonaises.

À la conquête de l’Europe

Le thé fait son chemin en Europe à bord des navires hollandais par l’entremise de la Dutch East India Company au début du XVIIe siècle. Les Britanniqu­es emboîtent le pas quelques décennies plus tard avec la British East India Company. Puis, en 1848, la compagnie mandate le botaniste Robert Fortune d’aller voler des plants et les méthodes de transforma­tion du thé en Chine dans le but d’en produire dans l’une de leurs colonies. Ils transporte­nt alors les plants en Inde, dans la région montagneus­e de Darjeeling, un environnem­ent parfait pour la culture du thé.

L’heure du thé à l’anglaise

L’affection des Anglais envers le thé remonte aux années 1660 et vient notamment des habitudes royales de Catherine de Braganza du Portugal, épouse de Charles II. Pendant ce temps, ils poursuiven­t leur colonisati­on du monde et le thé les accompagne partout où ils s’installent. C’est d’ailleurs vers les années 1750 que le rituel du

high tea fait son apparition dans les habitudes de vie anglaise. D’abord offert aux travailleu­rs, il s’agit en fait d’un repas servi après leur quart de travail, en remplaceme­nt du souper. Tandis que c’est Anna, la duchesse de Bedford, qui a la brillante idée du afternoon tea en 1840. Pour satisfaire son petit creux vers les coups de 16 h en attendant le souper habituelle­ment servi à 20 h, elle demande un service de thé accompagné de pain, de beurre et de petits gâteaux. Cela devient coutume, puis elle décide d’inviter des copines pour partager ce moment avec elle. À l’aube du XXe siècle, le thé d’après-midi est un événement mondain. Encore aujourd’hui, nombreux sont les grands hôtels à offrir le service de thé à l’anglaise, souvent appelé high tea. Il est accompagné de délicieuse­s bouchées sucrées et salées, en plus d’un large éventail de sandwichs « pas de croûtes ».

Boisson fondatrice des États-Unis

Vers la fin du XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne croule sous les dettes. Or, elle impose des taxes d’importatio­n dans ses colonies américaine­s. Le Stamp Act de 1765 taxe presque toutes les formes d’impression­s de papier, comme les jeux de cartes, les documents judiciaire­s et les journaux. Puis, les Townshend Acts de 1767 vont encore plus loin et taxent les produits essentiels comme le papier, le verre et le thé. De là est né le Boston Tea Party, une forme de protestati­on politique envers l’Empire britanniqu­e, qui rallie des Américains des 13 colonies de l’époque dans la lutte pour l’indépendan­ce.

Il ne suffit pas de faire bouillir de l’eau, de la verser dans la théière ou dans la tasse et d’attendre quelques minutes pour se préparer une bonne tasse de thé. Il faut aussi savoir moduler la températur­e et le temps d’infusion en fonction de chaque variété.

L’eau qui bout à gros bouillons et qui fait siffler la bouilloire ne convient pas à de nombreux thés, car elle peut en altérer le goût et en modifier les propriétés. C’est pourquoi les vrais amateurs sont équipés d’une bouilloire électrique à températur­e programmab­le. Pas envie d’acheter un autre appareil de cuisine qui va encombrer le comptoir ? Il est tout à fait possible d’évaluer la températur­e de l’eau avec un thermomètr­e à bonbons ou, tout simplement, en observant les bulles, de préférence dans une casserole. Lorsque de toutes petites bulles se forment tout au fond, la températur­e est de 150 °F à 170 °F (65 °C à 76 °C). Lorsqu’elles remontent à la queue leu leu depuis le fond de la bouilloire, la températur­e est de 180 °F à 190 °F (82 °C à 88 °C). Et lorsque l’eau commence à s’agiter, la températur­e s’approche de 200 °F (93 °C), ce qui se produit un petit moment avant le point d’ébullition, qui est de 212 °F (100 °C).

D’anciens écrits chinois proposent une façon nettement plus poétique d’évaluer la températur­e de l’eau. Les premières minuscules bulles tout au fond de la bouilloire sont des « yeux de crevettes » (thé vert). Lorsqu’elles s’intensifie­nt et que de la vapeur très fine commence à poindre à la surface de l’eau, on évoque les « yeux de crabe » (thé blanc). Les bulles grossissen­t encore un peu et commencent à migrer vers la surface ? C’est l’étape « yeux de poisson » (thé oolong). Quand les bulles remontent en se suivant les unes derrière les autres, c’est l’étape « collier de perles » (thé pu’erh et certains thés noirs fins). Enfin, lorsque de gros bouillons éclatent à la surface, on parle de « torrent tumultueux » (thé noir).

Pas envie de prendre la températur­e du thé ou d’observer des bulles ? Pas grave. Il suffit d’arrêter la bouilloire juste avant le début de l’ébullition. La températur­e conviendra à la plupart des thés, car Il vaut toujours mieux utiliser de l’eau trop fraîche que trop chaude.

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