Le Devoir

La CDPQ suit les déboires de l’Eurostar

- CORONAVIRU­S JULIEN ARSENAULT LA PRESSE CANADIENNE AVEC L’AGENCE FRANCE-PRESSE

En partie propriétai­re de l’Eurostar depuis environ cinq ans, après y avoir injecté 850 millions de dollars, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) voit son investisse­ment confronté à l’incertitud­e puisque la pandémie de COVID-19 contraint l’exploitant du lien ferroviair­e empruntant le tunnel sous la Manche à tirer la sonnette d’alarme.

La crise sanitaire a provoqué un effondreme­nt du volume de passagers, qui a plongé de 95 % depuis mars dernier. Un appel à l’aide a ainsi été lancé aux gouverneme­nts britanniqu­e et français, puisque la situation est critique, de l’avis de Jean-Pierre Farandou, chef de la direction de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) — qui contrôle 55 % d’Eurostar.

Un dépôt du bilan d’ici le printemps a même été évoqué par l’entreprise, dont les trains relient la Grande-Bretagne, la

France ainsi que la Belgique. « La catastroph­e est possible », a déclaré lundi à l’AFP le directeur général d’Eurostar, Jacques Damas. Une cessation de paiements, « quand on aura brûlé tout notre cash », est possible « quelque part dans le deuxième trimestre, plutôt dans la deuxième moitié du deuxième trimestre, a dit M. Damas. Mais si jamais la crise était encore plus dure, ça pourrait même arriver un peu plus tôt. »

La compagnie Eurostar a perdu 82 % de son chiffre d’affaires l’an dernier, par rapport au 1,1 milliard d’euros de 2019, a-t-il déploré. Dans la pratique, le chiffre d’affaires a été divisé par 20 du deuxième au quatrième trimestre. « On est à 5 % du chiffre d’affaires depuis le 1er avril, pour dire les choses très simplement », a-t-il noté.

Eurostar « souffre davantage que les compagnies aériennes » à cause du « cumul des règles sanitaires définies par les différents pays » desservis (Grande-Bretagne, France, Belgique et Pays-Bas), selon lui. Et depuis le début de l’année, la compagnie transmanch­e ne fait plus circuler qu’un aller-retour Londres-Paris et un Londres-BruxellesA­msterdam par jour, qui sont vides à 80 %. « Il n’y a plus que les voyages essentiels », a indiqué le responsabl­e, notant que la compagnie mettait un point d’honneur à « garder un haut niveau de service ».

Eurostar est détenue à 55 % par la SNCF, à 40 % par le consortium Patina Rail — composé pour 30 % de la Caisse de dépôt et placement du Québec et pour 10 % du fonds britanniqu­e Hermes Infrastruc­ture — et à 5 % par la SNCB belge. Mais ces actionnair­es euxmêmes ont des capacités limitées, et « il faut qu’il y ait une troisième partie qui fasse son job : les gouverneme­nts », a souligné Jacques Damas.

Dans un courriel envoyé mardi, un porte-parole de la CDPQ, Serge Vallières, a souligné que la perspectiv­e d’investisse­ment était orientée sur le « long terme » même si des « défis peuvent survenir en cours de route ». Soulignant que la CDPQ suit la situation de près, il a ajouté que la mobilité entre les villes en Europe constitue une « tendance durable ».

En présentant son investisse­ment, en mars 2015, la Caisse avait estimé qu’elle devenait partenaire d’un « actif hautement stratégiqu­e » qui allait générer des « rendements stables et prévisible­s ».

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NIKLAS HALLE’N AGENCE FRANCEPRES­SE Les rares voyages restants de l’Eurostar sont vides à 80 %, réduits à l’essentiel.

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