Microsoft et GM s’allient dans la course aux véhicules autonomes
Il restera ardu de damer le pion aux leaders Waymo et Tesla
La course aux véhicules autonomes a pris une nouvelle dimension mardi avec l’alliance d’un géant de la technologie à un mastodonte de l’automobile, même si certains experts doutent de la capacité de Microsoft et General Motors (GM) à damer le pion aux deux chefs de file actuels, Waymo (Google) et Tesla.
Le groupe informatique Microsoft a annoncé mardi qu’il apportait, aux côtés de Honda, de GM et d’autres investisseurs, plus de 2 milliards de dollars à Cruise, la filiale de voitures autonomes de GM. Elle est désormais valorisée à plus de 30 milliards.
Ce « partenariat stratégique de long terme » est destiné à « accélérer la commercialisation des véhicules autonomes », d’après un communiqué, grâce à des collaborations au niveau de l’ingénierie ou de l’infonuagique. « Microsoft, en tant que référence dans la démocratisation de la technologie, nous aidera à multiplier nos capacités à commercialiser notre flotte de véhicules autonomes, entièrement électriques et partagés », a fait valoir Dan Ammann, le directeur général de Cruise.
« Cela n’aurait aucun sens pour l’un comme pour l’autre de s’atteler à ce projet tout seul », a réagi Jessica Caldwell, spécialiste du marché automobile pour Edmunds. « Microsoft a toujours été doué pour rendre l’informatique accessible au grand public, c’est l’un de leurs principaux savoir-faire ». Mais les deux sociétés « sont toutes les deux énormes, ce ne sont pas des start-up agiles et rapides », nuance-t-elle.
Les analystes s’attendent à une multiplication des investissements et partenariats dans le secteur, alors que des années de recherche et d’innovation commencent à déboucher sur des lancements de produits pour l’industrie et le grand public.
Waymo, filiale de Google, a étendu cet automne son service de robotaxis, des voitures autonomes sans chauffeur, à un nombre plus important de passagers à Phoenix, où l’entreprise teste déjà, depuis 2017, ses véhicules. De son côté, Tesla teste depuis quelques semaines une version améliorée de son logiciel d’aide à la conduite Autopilot, baptisée « Full Self Driving », avec un petit groupe de clients. Le fabricant de véhicules électriques a vu sa valeur en Bourse s’envoler ces derniers mois pour atteindre près de 800 milliards.
Joe Biden
« Il y a une convergence entre les acteurs technologiques et les fabricants automobiles, et nous pensons qu’Apple n’est pas loin de se jeter aussi à l’eau », note Dan Ives de Wedbush, qui chiffre le marché des véhicules électriques et autonomes à 1000 milliards de dollars sur la décennie à venir. « Il est probable que le gouvernement de Joe Biden subventionne largement les véhicules électriques, et des groupes automobiles comme GM pourrait en bénéficier », ajoute Garrett Nelson, de CFRA Research.
Plusieurs analystes ne croient pas au potentiel de GM face à Waymo ou à Tesla. « Tesla a une approche holistique, avec des écosystèmes pour la partie logiciel, pour la production industrielle et pour les batteries, tous liés entre eux d’une façon fluide », souligne Trip Chowdhry de Global Equities Research. « On ne peut pas juste moderniser une usine […] D’ici 5 ou 10 ans, GM va comprendre qu’il a fait une erreur et Microsoft aura gagné de l’argent » grâce à l’utilisation d’Azure, sa plateforme infonuagique.
Mais il reste difficile à ce stade de déterminer qui sortira victorieux. La pandémie a un peu rebattu les cartes du secteur de la mobilité — l’appétit pour les transports en commun a largement diminué — et toutes les approches ne sont pas comparables. « GM est un acteur formidable des véhicules autonomes. Ils reçoivent moins d’attention que Tesla ou Waymo parce que les gens pensent que les fabricants automobiles ne peuvent pas y arriver. C’est une erreur », commente David Whiston de Morningstar.
Il y a une convergence entre les acteurs technologiques et les fabricants automobiles, et nous pensons qu’Apple n’est pas loin de se j eter aussi »
à l’eau
DAN IVES