Le Devoir

Les hôtels se disent prêts à accueillir les voyageurs

Ottawa envisage d’obliger les Canadiens de retour de l’étranger de se confiner dans une chambre de ces établissem­ents pendant 14 jours

- ROXANE LÉOUZON

Ravis de remplir un peu leurs chambres quasi vides depuis le début de la pandémie, les hôtels du Québec feront de la place aux voyageurs revenant de l’étranger si Ottawa va de l’avant avec l’idée de leur imposer une quarantain­e obligatoir­e à l’hôtel.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a indiqué vendredi en point de presse qu’il envisageai­t cette possibilit­é, parmi d’autres, pour serrer la vis aux voyageurs. Le premier ministre du Québec, François Legault, avait pour sa part demandé jeudi au gouverneme­nt fédéral d’obliger le confinemen­t à l’hôtel, aux frais des voyageurs, afin de les dissuader de partir et de mieux les encadrer à leur retour.

Cette idée est bien accueillie par l’industrie hôtelière, dont les taux d’occupation sont anémiques depuis le début de la pandémie. « On a de la place, on est prêt et c’est sécuritair­e », affirme en entrevue la présidente-directrice générale de l’Associatio­n des hôtels du Grand Montréal, Ève Paré.

« On se dit qu’au moins il y a des mesures qui vont se mettre en place pour mettre fin à cette pandémie et si on peut en profiter au passage parce que des clients resteront dans certains hôtels, tant mieux », a souligné pour sa part le président du conseil d’administra­tion de l’Associatio­n hôtellerie Québec, Dany Thibault.

« Si ça se matérialis­e en hausse de la demande, ça soulagera certains hôtels, mais je ne m’attends pas à une demande très forte », tient toutefois à nuancer Mme Paré, qui croit surtout que cette mesure aura pour effet de décourager les voyages.

M. Thibault et Mme Paré rappellent que plusieurs hôtels accueillen­t déjà une petite quantité de clients qui s’y placent en isolement pour ne pas contaminer un proche vulnérable, de même que des étudiants étrangers. Au moins un hôtel près de l’aéroport a également été réquisitio­nné depuis des mois par l’Agence de santé publique du Canada pour fournir gratuiteme­nt, en collaborat­ion avec la Croix-Rouge canadienne, de l’hébergemen­t, des repas et des objets de première nécessité aux voyageurs qui n’ont pas d’autre moyen de se confiner pendant 14 jours.

Selon Mme Paré, ces expérience­s démontrent que les protocoles sanitaires en place sont adéquats pour protéger les employés. « On peut faire un check-in sans contact. Une fois que le client est dans la chambre, il n’y a pas de contact. Tous les moyens de désinfecti­on sont mis en place », a-telle dit.

Il reste à savoir si, dans l’optique d’une telle mesure, les voyageurs pourraient choisir de séjourner à n’importe quel hôtel ou si un petit nombre d’établissem­ents seraient désignés. M. Thibault préfère la deuxième option. « Il faut que le gouverneme­nt dresse une liste d’hôtels selon l’estimation du nombre de chambres requis et qu’il y ait des ententes tarifaires et logistique­s avec ces hôtels, a-t-il jugé. Il faut le soutien des autorités pour contrôler les allées et venues, que la sécurité ne soit pas aux frais de l’hôtelier. Ce n’est pas à nous de dire aux clients qu’ils doivent retourner dans leurs chambres. »

Par ailleurs, Mme Paré indique que certains hôtels seront plus aptes que d’autres à recevoir la clientèle confinée, notamment ceux dont les chambres sont grandes et équipées de cuisinette­s.

On se dit qu’au moins il y a des mesures qui vont se mettre en place pour mettre fin à cette pandémie et si on peut en profiter au passage parce que des clients resteront dans certains hôtels, tant mieux

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