Air Canada et autres ailes…
Le fait qu’une entreprise privée en temps de crise demande le soutien de l’État est maintenant considéré comme normal, mais qu’en est-il vraiment ? Nous vivons dans un système économique dont l’entreprise privée constitue la pierre angulaire. Notre doctrine de marché s’appuie non pas sur des services à offrir ou des biens à produire, mais sur des occasions d’affaires et le miroitement de profits pour l’actionnariat.
Les entreprises canadiennes oeuvrant dans le secteur de l’aviation commerciale ont, comme un grand nombre d’autres secteurs, subi les affres de la pandémie. Elles sont toutefois, toutes proportions gardées, bien moins en péril qu’on veut bien nous le laisser croire. Lorsque l’économie tourne « normalement », ces entreprises engrangent bon an mal an de juteux profits, tout en profitant des largesses de l’État qui leur fournit des infrastructures (aéroports) à la fine pointe de la technologie, payées par l’ensemble des contribuables canadiens.
Comment de tels commerçants peuvent-ils même oser penser à ne pas rembourser leurs clients détenant des titres de transport dûment payés ? L’État doit de plus les soudoyer pour qu’ils maintiennent des liaisons « régionales » jugées déficitaires. Ne nous fourvoyons pas, le Canada n’a plus depuis belle lurette de transporteur national, il en a plusieurs, le marché a éclaté et chacun tire son bout de la courtepointe.
Puisqu’il est de plus en plus difficile de faire accepter aux transporteurs de respecter la capacité de payer des citoyens vivant en région et de fournir des services dans les deux langues officielles du Canada, pourquoi l’État devrait-il se plier à leurs revendications de « quêteux » ? La seule avenue possible aux demandes de ces entrepreneurs, est un achat de capital-action de la part du gouvernement fédéral, qui, rappelons-nous-le, est le seul grand décideur en matière de transport A mari usque ad mare. Marc-André Blainb Sutton, le 22 janvier 2021