CINQ RECUEILS DE POÉSIE À SURVEILLER
Non je ne mourrai pas Jean Désy, Mémoire d’encrier
On est heureux de retrouver l’auteur du Nord qui nous propose cette fois un « poème conté ou un romanpoème ». Une histoire de mort au Nunavik, d’un homme blessé et accueilli, d’une résurrection. L’activité médicale de l’auteur est de nouveau mise à contribution afin de cerner les pulsions les plus profondes qui guident les humains à persister face à l’adversité. De nouveau, voici un acte de foi en cette possibilité de la bonté, toute simple. Cette oeuvre « représente la plus vaste et la plus intense entreprise poétique de ma vie », dit l’auteur. (En librairie)
Parmi celles qui flambent Noémie Roy,
Les Herbes rouges
« L’horizon quelque part / se jette d’une falaise », dit Noémie Roy dans son premier livre. On a le goût de la découvrir, car l’image est frappante, ce qui n’est pas si commun. « Je souderai mes visages / en un corps vieilli », dit-elle ailleurs. Parce qu’il y a douleur ici, parce qu’il y a envie de voir comment se déprendre d’une sourde blessure. On suivra la poète dans son désir de se saisir du corps neuf, d’apprendre à vivre autrement.
(9 mars)
Ces fenêtres où s’éclatent leurs yeux Anne Peyrouse, Hamac-Poésie
Événement : nouvelle collection de poésie aux Éditions Hamac. Nous retenons le recueil d’Anne Peyrouse à cause de l’audace de sa proposition qui s’interroge sur la pornographie en direct, sur Internet. Elle s’intéresse à la fois à celles qui sont devant leur webcam et aux consommateurs. « EUX disent : “ça m’dépanne que tu sois en vie. / Ça m’dépanne, ta caméra bien placée.” / EUX / ils espèrent / les fellations 3D. » Radicale, cette proposition s’annonce dérangeante. (16 février)
Chemin cassé suivi de Chemin sans fin Serge Patrice Thibodeau, Perce-Neige
Recueil particulièrement étrange, sous l’égide de Georges Perec, où l’auteur n’utilise pas la lettre « r », consonne « identitaire par excellence de l’accent acadien », selon la présentation. Étrange aussi ce qui s’annonce comme une oscillation « entre le cynisme nordique et le baroque latino ». Reste à voir ce que la poésie vient faire ici. Avec cet auteur, on n’en est pas à une surprise près. On a hâte de jouer le jeu et d’entendre cette dérive littéraire creuser, semble-t-il, la vérité de notre époque. (26 mai)
Nos lendemains de feu Julie Stanton, Écrits des Forges
Dans la veine de son précédent recueil, Le bonheur cet
illusionniste (2017), Julie Stanton mêle une vision sociologique de notre monde et une captation des sentiments qui maintiennent en vie notre humanité. « À la désertification du Sahel / Tu opposais l’ondoiement du blé dans ton île », dit-elle bellement. La poésie de Julie Stanton tient la tendresse pour la meilleure part de nos pulsions. Parution en mai. Notez qu’en janvier sortira Les Écrits
des Forges : 50 ans, 1971-2021, anthologie préparée par Bernard Pozier.
Hugues Corriveau