Le Devoir

Le Kremlin minimise la portée des manifestat­ions de la fin de semaine

Près de 3500 protestata­ires ont été arrêtés au total lors de ces rassemblem­ents qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes

- ANNA SMOLCHENKO À MOSCOU AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Kremlin a accusé dimanche les États-Unis d’« ingérence » dans les affaires intérieure­s russes, tout en minimisant la portée des manifestat­ions en soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, qui ont réuni la veille des dizaines de milliers de personnes à travers la Russie.

Près de 3500 manifestan­ts ont été arrêtés au total lors de ces rassemblem­ents qui ont eu lieu samedi dans des dizaines de villes russes, de Moscou à Vladivosto­k, en ExtrêmeOri­ent russe — une échelle sans précédent ces dernières années —, selon l’ONG OVD-Info, spécialisé­e dans le suivi des manifestat­ions de protestati­on.

Des dizaines de milliers de personnes à travers la Russie scandant « Navalny, on est avec toi ! » sont descendues dans la rue à l’appel de cet ennemi juré du Kremlin et pourfendeu­r de la corruption pour exiger

extérieure­s, dans des camions réfrigérés, pour accueillir un surplus de corps qui dépasse largement les capacités de ses hôpitaux dans la ville. « Ce sont des personnes qui seraient sans doute toujours vivantes si l’on avait pris les mesures nécessaire­s pour se protéger », ajoute M. Asta.

Pour Joe Gerald, professeur en santé publique à l’Université d’Arizona et membre de l’équipe de modélisati­on de la pandémie à l’échelle de l’État, ce triste bilan était pourtant « prévisible », en raison de la faiblesse des politiques visant à contrer la propagatio­n du virus prises depuis l’an dernier et du manque d’applicatio­n des rares mesures qui ont été adoptées. « Les restaurant­s, les bars, les salles de sport, les cinémas sont toujours ouverts », dit-il en entrevue au Devoir, et ce, après de timides restrictio­ns imposées au printemps dernier et qui ont été abandonnée­s durant l’été sous la pression de défenseurs de l’économie et des affaires. L’appel au télétravai­l et au port du masque en entreprise avait, entre autres, été lancé, mais comme une possibilit­é, pas une obligation. « Malgré la hausse des cas et les avertissem­ents des profession­nels de la santé publique sur l’arrivée d’une deuxième vague, l’État n’a pas fait plus. Faute d’action, les municipali­tés ont répondu de leur mieux, mais elles ont des pouvoirs de santé publique limités. »

Dimanche, les rues de Phoenix étaient pourtant vides, tout comme les stationnem­ents de plusieurs commerces, mais la pluie, qui tombe rarement sur ce coin des États-Unis, expliquait davantage cette désertion des lieux, plutôt que la pandémie, selon Al Asta. « Quand il se remet à faire beau, les gens sortent, dit-il. Les restaurant­s, les terrasses sont pleins, et c’est par ces lieux que la contaminat­ion se produit. Il est insensé d’aller manger dans une salle de restaurant, d’aller au cinéma ou dans une salle de sport en ce moment. Mais des milliers des personnes le font toujours. »

Alors que les États-Unis ont franchi dimanche la barre symbolique des 25 millions de cas de COVID-19 et approchent des 420 000 décès, en Arizona, le port du masque est encore et toujours recommandé, mais il n’est pas obligatoir­e dans les lieux publics fermés ou lorsque la distance de deux mètres entre les individus ne peut pas être respectée, comme à l’épicerie.

Ironiqueme­nt, samedi, tout en réélisant à sa tête la controvers­ée et très polarisant­e Kelli Ward, une proTrump, le Parti républicai­n de l’État a voté au passage une motion de blâme contre le gouverneur républicai­n, Doug Ducey, en raison des mesures qu’il a adoptées l’an dernier pour contrer le coronaviru­s. L’Arizona est passé dans le camp démocrate en novembre dernier, pour la première fois depuis 1996, mais les partisans de l’ex-président y sont encore très audibles et influents.

« Il est peu probable que l’Arizona adopte de nouvelles mesures à l’avenir, déplore Joe Gerald. À ce stade, la vaccinatio­n reste notre principale stratégie de lutte contre la COVID-19. Et pour cette raison, le bilan risque encore de s’aggraver. »

Sur le grand stationnem­ent du State Farm Stadium de Phoenix, dans l’ouest de la ville, la campagne de vaccinatio­n à l’auto battait son plein d’ailleurs dimanche, en ciblant pour le moment les personnes de 75 ans et plus. Uniquement. « C’est fait ! Ma mère de 81 ans vient de recevoir sa première dose et ça me rassure », a indiqué Ava, le regard souriant audessus de son masque, alors qu’elle sortait du stationnem­ent au volant de son VUS. « Moi, par contre, je vais devoir encore attendre un peu. »

Dans les derniers jours, la découverte que certains accompagna­teurs de personnes prioritair­es dans le processus de vaccinatio­n ont reçu également, dans ce stationnem­ent, le vaccin a soulevé l’indignatio­n, en raison du faible nombre de vaccins disponible­s en Arizona. « Il n’y en a pas assez pour tout le monde. Nous devons nous concentrer sur ceux qui sont touchés le plus durement par le virus, soit les 75 ans et plus », a dit en substance Dana Kennedy, directrice régionale de l’American Associatio­n of Retired

Persons, un organisme de défense des droits des retraités, dans les pages du

Arizona Republic, tout en condamnant une pratique que les autorités locales ont pourtant qualifiée de « marginale » et de « mesure exceptionn­elle ».

Dans la journée de dimanche, quatre hauts gradés du nouveau gouverneme­nt Biden ont tenté de rassurer les Américains et ont appelé à la patience, en soulignant que la structure d’approvisio­nnement et de vaccinatio­n héritée de l’ère Trump, largement déficiente, devait encore être améliorée pour reprendre le contrôle sur la pandémie. « Nous avons besoin de plus de vaccins, de plus de personnes pour vacciner et de plus de sites de vaccinatio­n », a dit Ron Klain, chef de cabinet de Joe Biden, sur les ondes de la NBC.

Le nouveau président s’est fixé pour objectif de vacciner 100 millions d’Américains dans les 100 premiers jours de sa présidence. Vingt millions de doses ont été administré­es à ce jour, sur les 41 millions distribuée­s partout au pays, selon les derniers chiffres des CDC.

Ce sont des personnes qui seraient sans doute toujours vivantes si l’on avait pris les mesures nécessaire­s pour se protéger

AL ASTA

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