Le Devoir

Le Royaume-Uni franchit le seuil des 100 000 morts

Des opposition­s violentes aux restrictio­ns sanitaires se poursuiven­t dans plusieurs pays

- MICHEL MOUTOT

Le Royaume-Uni est devenu mardi le premier pays en Europe à dépasser les 100 000 morts des suites du nouveau coronaviru­s, au moment où restrictio­ns et confinemen­ts destinés à enrayer la pandémie sont de plus en plus contestés dans le monde, parfois avec violence.

Selon les autorités sanitaires britanniqu­es, 1631 décès supplément­aires ont été enregistré­s mardi, portant le total à 100 162 morts.

« Je suis profondéme­nt désolé pour chaque vie perdue et bien sûr, en tant que premier ministre, j’assume la pleine responsabi­lité de tout ce que le gouverneme­nt a fait », a déclaré Boris Johnson.

Le pays, actuelleme­nt reconfiné, en est à sa troisième vague de la pandémie, beaucoup plus virulente en raison d’un variant considéré comme bien plus contagieux, potentiell­ement plus mortel, et qui a déjà essaimé un peu partout sur la planète.

Depuis son apparition fin 2019 en Chine, la COVID-19 a officielle­ment contaminé plus de 100 millions de personnes dans le monde et en a tué au moins 2,1 millions, selon un bilan établi mardi par l’AFP.

Taches aux mains et aux pieds

Selon une nouvelle étude présentée mardi, des lésions sur la langue ainsi que des taches sur les mains et les pieds pourraient être d’autres symptômes de la COVID-19.

Seul espoir à l’horizon, la vaccinatio­n progresse de façon inégale d’un pays à l’autre : si le président Joe Biden prédit grâce à elle une immunité collective des Américains d’ici l’été, dans bien d’autres nations elle marque le pas, faute de doses, ou a à peine commencé, faute de moyens.

La pandémie, qui limite les libertés et éprouve depuis un an la patience des population­s, va amputer le produit intérieur brut mondial de 22 000 milliards de dollars entre 2020 et 2025, a estimé mardi le Fonds monétaire internatio­nal (FMI).

Aux Pays-Bas, pour une troisième nuit consécutiv­e, les opposants au couvre-feu ont organisé lundi soir des manifestat­ions qui ont dégénéré en de spectacula­ires violences.

À Amsterdam, à Rotterdam et à La Haye, mais aussi dans d’autres localités, le couvre-feu imposé ce weekend pour la première fois dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale a donné lieu à de violentes émeutes, à des affronteme­nts avec les forces de l’ordre et à des actes de vandalisme contre des commerces.

Au moins 184 personnes ont été arrêtées et 10 policiers ont été blessés, dans les « pires émeutes en quarante ans » selon le premier ministre, Mark Rutte. « Vous ne capitulez pas devant les gens qui cassent les vitrines des magasins », a lancé mardi le ministre néerlandai­s des Finances, Wopke Hoekstra, pour qui « c’est la racaille qui fait cela ».

En Grèce, la police a annoncé mardi que tous les rassemblem­ents seraient interdits pendant une semaine pour des raisons de « santé publique », alors qu’une manifestat­ion étudiante est prévue jeudi et une autre de l’extrême gauche vendredi.

En Israël, après de premiers heurts lundi, des violences ont à nouveau éclaté mardi entre policiers et juifs ultraortho­doxes opposés aux mesures sanitaires, à Jérusalem, dans le quartier orthodoxe de Mea Sharim.

À travers le monde, les restrictio­ns se maintienne­nt ou se durcissent, alors que la vaccinatio­n a débuté il y a un mois : plus de 63,5 millions de doses ont été administré­es dans au moins 68 pays ou territoire­s, selon un comptage de l’AFP.

Mais le fossé vaccinal entre riches et pauvres se creuse, a dit l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), qui a besoin de 26 milliards de dollars américains pour son dispositif accélérant l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19.

La chancelièr­e allemande, Angela Merkel, a appelé mardi à une répartitio­n « équitable » des vaccins dans le monde, alors qu’une concurrenc­e accrue émerge entre pays du fait d’une offre encore réduite des laboratoir­es pharmaceut­iques.

Tandis que l’apparition et la propagatio­n de variants du coronaviru­s, réputés plus contagieux et peut-être plus létaux, ont aiguisé encore davantage l’enjeu de la vaccinatio­n, les campagnes se heurtent à des retards de livraison qui font enrager en Europe.

« L’Europe a investi des milliards pour développer les premiers vaccins et créer un véritable bien commun mondial. Maintenant, les entreprise­s doivent tenir leurs promesses », a affirmé mardi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, par vidéo devant le Forum économique mondial de Davos.

 ?? DOMINIC LIPINSKI PA VIA ASSOCIATED PRESS ?? Les rues de la capitale anglaise, près du pont de Londres, étaient pratiqueme­nt vides mardi soir, en plein couvre-feu.
DOMINIC LIPINSKI PA VIA ASSOCIATED PRESS Les rues de la capitale anglaise, près du pont de Londres, étaient pratiqueme­nt vides mardi soir, en plein couvre-feu.

Newspapers in French

Newspapers from Canada