L’avocate de Michel Venne s’attaque à la plaignante
Au procès de Michel Venne, l’entrevue avec Lise Payette qu’a enregistrée la victime a dominé les interrogatoires mardi et mercredi, en raison de modifications faites dans une première version remise par la plaignante aux policiers.
Les passages retirés au montage ont été choisis de manière « calculée » et très « précise », a signalé Me Lida Sara Nouraie durant l’interrogatoire de la plaignante.
Aujourd’hui dans la fin vingtaine, cette dernière a porté plainte contre l’ancien directeur de l’Institut du Nouveau Monde (INM) et ex-éditorialiste au Devoir Michel Venne en lien avec des évènements survenus en 2008, alors qu’elle était mineure. L’homme âgé de 60 ans est accusé d’agression sexuelle et d’exploitation sexuelle.
Afin de mettre en cause la crédibilité de la victime, la défense a révélé qu’elle avait remis à l’origine aux policiers une version modifiée de l’entrevue, incluant au moins 15 changements, certaines phrases ayant été coupées et recollées à d’autres. Dans certains des passages coupés, Lise Payette disait voulait l’aider ou affirmait ne pas être « amie » avec monsieur Venne.
Rappelons que, dans cet enregistrement, Mme Payette se décrit comme « une connaissance » de Michel Venne et dit avoir voulu protéger sa famille sur le point d’imploser. Elle conseille à la victime d’oublier ce qui s’est passé avec l’accusé en 2008. « Au lieu de t’aider, ça va te nuire. Moi, je laisserais passer ça, tout simplement », a déclaré l’ancienne ministre de la Condition féminine décédée en 2018.
C’est en posant des questions lors de l’enquête préliminaire que la défense a découvert que des passages manquaient et exigé d’obtenir la version longue qui a été présentée en cour finalement. Pendant de longues heures, l’avocate de l’accusé a décortiqué, bout par bout, tous les extraits coupés en demandant à la plaignante de justifier ses choix de coupures et de montage.
« Non pertinents »
Souvent incapable de répondre avec précision, la jeune femme a rétorqué que les passages avaient été supprimés parce que « non pertinents » ou qu’il y avait des « répétitions ».
Elle a affirmé avoir modifié l’entretien avec Lise Payette, non pas pour induire les policiers en erreur, mais pour le transmettre à des journalistes dans l’éventualité où sa dénonciation publique serait traitée dans les médias. En réponse aux questions, elle a toutefois reconnu ne l’avoir remis à aucun journaliste.
La défense a aussi mis en opposition son témoignage en cour à plusieurs entrevues données par la jeune femme dans les médias. Dans une entrevue à RDI en 2017, on l’entend dire qu’elle n’a pas raconté son agression « à ses proches ». Or, elle avait soutenu lundi avoir tout raconté à sa mère ainsi qu’à un collègue de l’INM, Stéphane Champreux, juste après l’incident. Ce dernier doit d’ailleurs témoigner dans le cadre du procès jeudi matin.
Mercredi, l’avocate de M. Venne est enfin revenue en détail sur l’agression survenue devant l’établissement où dormait la plaignante, en marge d’un évènement que dirigeait M. Venne à l’époque. Questionnée sur certains détails, elle s’est mise à pleurer.
Mardi, elle avait également fondu en sanglots lorsqu’il a été question des commentaires de Lise Payette sur l’effet qu’avait pu avoir toute cette affaire sur les enfants de Michel Venne.
« Ce monsieur-là, il a deux enfants. J’ai des enfants. […] Je pense aux miens et je [ne] voudrais pas que ça arrive. » M. Venne, qui clame son innocence depuis le début, doit témoigner à son tour la semaine prochaine.