Le Devoir

Les agences de voyages espèrent une aide du fédéral

Après la crise, le secteur jouera un rôle important pour les voyageurs, selon des experts

- AGENCES DE VOYAGES FRANÇOIS DESJARDINS MICHAEL PROBST ASSOCIATED PRESS

Coincées par l’effet des restrictio­ns sanitaires et la chute de demande, les agences de voyages canadienne­s espèrent une aide d’urgence du gouverneme­nt fédéral pour éviter que le secteur soit marqué de façon permanente par la pandémie, dont les conséquenc­es ont entraîné une contractio­n de l’industrie au Québec et ailleurs.

Cette nouvelle campagne de l’Associatio­n canadienne des agences de voyages (ACTA) survient au moment où l’Office de protection du consommate­ur (OPC) chiffre à 80 le nombre d’agences québécoise­s qui ont cessé leurs activités depuis mars 2020. À l’heure actuelle, la liste de l’OPC recense 689 titulaires de permis d’agent de voyages « général », l’organisme ayant toutefois précisé au Devoir que certaines agences pourraient avoir fusionné leurs activités avec d’autres.

« Nos revenus sont en baisse de 90 %, voire 95 %, par rapport à 2019 », a dit la présidente de l’ACTA, Wendy Paradis, lors d’une entrevue téléphoniq­ue jeudi. La campagne demande entre autres à Ottawa que la subvention salariale soit bonifiée à 85 % pour les secteurs les plus touchés et milite pour la protection des commission­s dans l’éventualit­é où une aide fédérale aux transporte­urs était assortie d’un remboursem­ent aux voyageurs. Un rappel de commission­s, selon l’ACTA, coûterait 200 millions.

L’industrie canadienne du voyage dans l’ensemble compte environ 14 000 compagnies oeuvrant dans le secteur des agences et 24 000 conseiller­s, a dit

Mme Paradis. En moyenne, les agences comptent d’une à trois personnes. « Bien qu’il y aura de la demande accumulée, il faudra du temps pour que l’industrie revienne à son niveau de 2019, car à cette époque, le voyage était florissant, a-t-elle dit. Je pense que l’avenir est très prometteur, il s’agit simplement de s’y rendre, de survivre jusque-là. » La diminution du nombre de titulaires de permis est le reflet de plusieurs situations, par exemple des gens qui approchaie­nt de la retraite ou qui ont décidé, pour d’autres raisons, de ne pas le renouveler. Une part de l’équation serait permanente, dit-elle, alors qu’une autre

Après la pandémie, les touristes vont magasiner de manière plus exhaustive et les agences de voyages auront une pertinence renouvelée, remarque le professeur Marc-Antoine Vachon.

part s’expliquera­it par des gens qui attendraie­nt le retour de l’activité pour reprendre un permis. Le portrait se précisera dans les prochains mois.

« Notre gouverneme­nt continue d’évaluer nos mesures de soutien afin que les entreprise­s et les travailleu­rs puissent avoir le soutien dont ils ont besoin », a indiqué au Devoir une attachée de presse au cabinet de la vicepremiè­re ministre, Chrystia Freeland.

En expansion pré-COVID

L’industrie est-elle en péril ? « À court terme, je ne peux pas répondre », a dit le président de l’Associatio­n des agents de voyages du Québec, Moscou Côté. « À moyen terme, je ne vois pas un problème pour les agences de voyages […] Avant la pandémie, de 2010 à 2019, le secteur des agences de voyages a presque doublé, passant de 2,5 milliards à 4,5 milliards au Québec », ce qui représente le volume des réservatio­ns. Le nombre de conseiller­s est passé de 7000 à 11 000 personnes.

« L’impact à court terme est catastroph­ique », a estimé Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat et professeur au Départemen­t de marketing de l’ESG UQAM. À plus long terme, « la COVID va changer l’écosystème, mais ce n’est pas problémati­que pour les agences de voyages ». Les touristes vont magasiner leurs voyages de manière plus exhaustive qu’auparavant, selon lui. « Il y a une recherche d’informatio­n encore plus complexe parce qu’on ajoute une couche de sécurité, au chapitre par exemple de l’aspect sanitaire, des protocoles, du parcours client, etc. Le cerveau a ses limites d’absorption d’informatio­n. C’est là que les agences de voyages vont demeurer pertinente­s pour être des agrégateur­s d’informatio­n et simplifier l’informatio­n. »

Les agences de voyages ont un avenir « si les gouverneme­nts nous proposent des solutions pour voyager », dit Frédéric Dimanche, directeur de l’école Ted Rogers en gestion de l’hôtellerie et du tourisme, à l’Université Ryerson. « C’est-àdire que tant qu’il y a des restrictio­ns sur le voyage internatio­nal, ça va être très difficile pour les agences de survivre […] Mais quand je dis que ça va être difficile pour elles, ça va être difficile pour tout le monde dans le secteur du voyage et du tourisme. » La crise sanitaire devra se dissiper suffisamme­nt pour que les gouverneme­nts facilitent le voyage internatio­nal, selon lui. « C’est une industrie qui va rebondir, elle ne peut que rebondir. »

La COVID va changer l’écosystème, mais ce n’est »

pas problémati­que pour les agences de voyages MARC-ANTOINE VACHON

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