Des plateformes de courtage tentent d’enrayer l’envolée
Robinhood, qui a décidé de restreindre l’échange d’actions visées par une spéculation massive, fait l’objet d’au moins deux poursuites aux États-Unis
Alors que Wall Street est en proie à une spéculation incroyable depuis plusieurs jours, Robinhood et d’autres plateformes de courtage en ligne ont annoncé qu’elles restreignaient l’échange de certaines actions, comme celle de Gamestop, dont le prix s’est envolé à des sommets. Les utilisateurs de Robinhood ne comptent pas en rester là. Au moins deux poursuites ont été intentées contre l’entreprise.
Par voie de communiqué, Robinhood a annoncé qu’en raison de « la volatilité récente » de plusieurs actions, elle limite « les transactions pour certains titres à la clôture des positions uniquement », dont celles d’AMC Entertainment (AMC), de BlackBerry (BB), de Bed Bath & Beyond (BBBY), d’Express Inc. (EXPR), de GameStop (GME), de Koss Corporation (KOSS), de Naked Brand Group (NAKD) et de Nokia (NOK).
L’entreprise a également « augmenté les exigences de marge pour certains titres ». Robinhood réitère par ailleurs « l’importance d’aider les clients à rester informés », surtout « dans un contexte de forte volatilité du marché », et s’engage « à fournir aux gens des ressources pédagogiques », comme Robinhood Learn.
Poursuites judiciaires
La décision de l’entreprise a suscité un fort mécontentement parmi ses utilisateurs, qui s’estiment lésés. Robinhood Markets a été visée par au moins deux poursuites judiciaires — l’une à New York, l’autre à Chicago — après avoir restreint sur sa plateforme les transactions de plusieurs actions.
Dans la poursuite à New York, Brendon Nelson, du Massachusetts, utilisateur de la plateforme Robinhood, reproche à la compagnie d’avoir « volontairement et sciemment retiré l’action “GME” de sa plateforme de courtage en plein milieu d’une hausse de prix sans précédent », privant ainsi les investisseurs de « leur capacité d’investir librement sur le marché » et « manipulant le libre-marché ».
Dans la poursuite à Chicago, Richard Joseph Gatz, de l’Illinois, un autre utilisateur, soutient que la restriction relative aux transactions de BlackBerry, de Nokia et d’AMC Theatres « visait à protéger les investisseurs institutionnels au détriment des clients de détail ». Selon lui, la décision de l’entreprise « a causé des dommages irréparables, et cela va continuer ».
Entrave au libre marché ?
La décision de Robinhood suscite le mécontentement, non seulement du côté des investisseurs, mais aussi du côté de plusieurs politiciens.
« C’est au-delà de l’absurde. [Il] doit [y] avoir une audience sur la manipulation du marché par Robinhood. Ils bloquent la possibilité de négocier pour protéger les fonds spéculatifs de Wall [Street], volant des millions de dollars à leurs utilisateurs pour protéger les personnes qui utilisent le marché boursier comme un casino depuis des décennies », a écrit sur Twitter Rashida Tlaib, représentante au Congrès des États-Unis.
La représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez s’est également portée à la défense des utilisateurs de la plateforme Robinhood.
« C’est inacceptable. Nous devons en savoir plus sur la décision de l’application @RobinhoodApp d’empêcher les investisseurs d’acheter des actions tandis que les fonds spéculatifs peuvent librement négocier les actions comme ils l’entendent. En tant que membre du Comité sur les services financiers, je soutiendrai la tenue d’une audience si nécessaire. »
Lors d’une conférence de presse virtuelle jeudi matin, le chef du Nouveau Parti démocrate, Jagmeet Singh, a quant à lui soutenu que les investisseurs « ne sont pas le problème » et que ce sont les fonds spéculatifs qui devraient faire face à plus de régulation.