La frustration continue de monter chez les restaurateurs
Ils déplorent le manque de données liant leurs établissements aux éclosions de COVID-19
La frustration est de plus en plus grande chez les restaurateurs canadiens, notamment devant le manque de données liant de manière concluante leurs établissements aux éclosions de COVID-19, notent des observateurs.
Les mesures de confinement interdisant aux clients de consommer des repas à l’intérieur des restaurants ont fait des ravages dans l’ensemble du pays. Selon l’association Restaurants Canada, ce sont plus de 10 000 établissements qui ont définitivement fermé leurs portes. Une légion d’employés sont devenus chômeurs.
Parmi les établissements qui sont demeurés ouverts, huit restaurants sur dix perdent de l’argent ou peinent à joindre les deux bouts, selon l’association.
Malgré ces fermetures, la pandémie a continué de progresser fortement dans de nombreuses provinces.
Au Québec, les propriétaires de restaurants et de bars sont encore furieux de la décision du gouvernement Legault de leur avoir imposé des restrictions sévères, alors que la Santé publique n’avait pas recommandé leur fermeture.
« Les restaurants sont fermés depuis octobre, et nous avons vu des chiffres en augmentation constante, dénonce Julie Couture, une porte-parole d’Association restaurants Québec (ARQ). Clairement, nous ne sommes pas le problème, mais nous pouvons faire partie de la solution. »
Selon elle, il est préférable que des rassemblements se déroulent dans des endroits supervisés dotés d’équipements de protection et fréquemment désinfectés.
L’argent dépensé pour réaménager les espaces pour permettre une distanciation physique, installer des barrières en plexiglas, améliorer la ventilation, ajouter des filtres à air et assurer des mesures de désinfection appropriées s’ajoute aux frustrations des restaurateurs.
En Ontario, sur les 266 363 cas confirmés de COVID-19 depuis le début de la pandémie, seulement 575 ont été liés à une exposition dans un restaurant, un bar ou une discothèque, selon des données provinciales. Une porte-parole du ministère de la Santé de l’Ontario rappelle que les repas consommés à l’intérieur sont considérés comme une activité à plus haut risque « étant donné ce que l’on sait sur la façon dont le virus se transmet d’une personne à l’autre ».
« C’est la raison pour laquelle les restaurants sont ouverts uniquement pour la livraison et les commandes à emporter », dit Anna Miller.
Elle ajoute que, si la propagation du virus n’est pas contenue, cela entraîne souvent une transmission communautaire généralisée qui ne peut pas être attribuée à un contexte spécifique.
Données manquantes
Le manque de données concrètes sème la consternation au sein du secteur, note Cyrys Cooper, un professeur de gestion de restaurant au Centennial College de Toronto.
« De nombreux propriétaires demandent qu’on leur montre la preuve de la nécessité de fermer les restaurants à l’intérieur, dit-il. Il y a un sentiment de frustration quant à la raison pour laquelle les décisions sont prises et aux données étayant ces décisions. C’est ce que les restaurateurs veulent savoir. »
Le secteur est prêt à s’adapter et à faire des changements pour assurer la sécurité des gens, souligne James Rilett, vice-président de Restaurants Canada.
« C’est un secteur qui veut suivre les règles et assurer la sécurité des clients et du personnel, souligne-t-il. Ce que nous aimerions, c’est que les gouvernements examinent la situation en se demandant ce qu’ils peuvent faire pour nous maintenir ouverts plutôt de se demander pendant combien de temps ils peuvent nous garder fermés. »
Si les gouvernements ne commencent pas à travailler avec les restaurants à une solution, M. Rilett craint des conséquences néfastes pour de nombreux établissements. « Beaucoup de gens sont au point de rupture. Ils regardent leurs factures et croient que leur entreprise ne pourra pas survivre. »