Le Devoir

Soupirs de soulagemen­t dans les commerces

Les propriétai­res de salles de sport s’expliquent mal le fait d’être encore une fois laissés pour compte

- ROXANE LÉOUZON

C’est avec un grand soulagemen­t que les commerces de détail accueillen­t la nouvelle de leur réouvertur­e partout au Québec dès le 8 février. À l’autre bout du spectre, les gyms, qui restent fermés sauf dans six régions, s’expliquent mal d’être encore une fois laissés pour compte.

« C’est la célébratio­n en ce moment. Ç’ a été difficile, la situation était critique pour plusieurs entreprise­s qui vont enfin pouvoir respirer », a réagi Debbie Zakaib, directrice générale de la Grappe mmode, qui rassemble les acteurs de l’industrie de la mode québécoise.

Mme Zakaib souligne que 3000 emplois dépendent de cette industrie au Québec. D’ailleurs, un des premiers gestes des commerces de détail sera de rappeler les travailleu­rs qui ont été mis à pied depuis le 5 décembre. Le président-directeur général des boutiques de lingerie La vie en rose, François Roberge, estime que plus de 800 employés pourront revenir au travail dans son entreprise. Ce dernier s’est dit fébrile en ce qui concerne la réouvertur­e.

« On n’est pas inquiets, on pense que nos employés et les consommate­urs vont vouloir sortir et revenir nous voir », a commenté l’entreprene­ur.

La vice-présidente aux opérations chez Colori, Sylvie Castonguay, espère aussi que les clients seront au rendezvous. « On prend toutes les mesures sanitaires nécessaire­s. On n’a pas eu d’éclosion dans nos boutiques depuis le début de la pandémie, indique-t-elle.

On n’est pas inquiets, on pense que nos employés et les consommate­urs vont vouloir sortir »

et revenir nous voir FRANÇOIS ROBERGE

Je crois que c’est sécuritair­e si les gens respectent les consignes. »

Une chose qui pourrait attirer les consommate­urs, c’est la perspectiv­e de faire de bonnes affaires. Les détaillant­s soulignent tous qu’il y aura des rabais importants sur les collection­s de vêtements de l’automne et de l’hiver, qu’ils ont très peu réussi à écouler. M. Roberge estime que 40 % de ses stocks pour ces saisons ne sont toujours pas vendus, alors qu’ils se situent normalemen­t autour de 25 % à ce temps-ci de l’année.

Il faut dire que les derniers mois ont été très difficiles pour les commerçant­s de vêtements. Sylvain Lafrance, président du groupe Marie Claire, estime que la vente de ses 300 magasins, réunis sous plusieurs bannières comme San Francisco et Claire France, a diminué de 30 à 50 % dans les derniers mois. « Il reste plein de stocks d’hiver dans les magasins. Celui de printemps arrive et il s’accumule dans le centre de distributi­on », dit-il.

Les coiffeurs seront aussi heureux de revoir leurs clients, selon Stéphane Roy, président de l’Associatio­n coiffure Québec. « Les clients devront être patients, parce que ce n’est pas tout le monde qui va pouvoir obtenir un rendez-vous rapidement. Beaucoup de salons ont des listes d’attente », affirme M. Roy. Il rappelle que les coiffeurs ont aussi beaucoup souffert et restent fragiles. D’après les échos des membres de son associatio­n, au moins 10 % ont déjà fermé leur salon ou mis fin à leur carrière.

Au bout du rouleau

Le leader provincial du Conseil canadien de l’industrie du conditionn­ement physique, qui représente près de 200 salles des sport de diverses tailles au Québec, est atterré par l’obligation pour ses membres de rester fermés, sauf dans les six régions du Québec qui passent en zone orange.

« Je trouve que c’est un non-sens, d’un point de vue scientifiq­ue et de santé, de permettre d’acheter du linge au magasin et d’avoir accès à des soins d’esthétique, mais de ne pas permettre d’avoir accès au sport, étant donné les bienfaits de l’activité physique », explique Gabriel Hardy, qui souligne que les services de ses membres ne peuvent pas, ou très peu, être offerts en ligne.

Les propriétai­res de centres de conditionn­ement physique sont au bout du rouleau, selon M. Hardy, après environ six mois de fermeture depuis un an. « De 5 à 10 % des gyms ont annoncé une fermeture complète et un autre 20 % nous disent ne pas être capables de continuer leurs opérations s’ils ne peuvent pas rouvrir avant la fin avril. Et au printemps, c’est une période creuse, alors on ne s’attend pas à un retour de la clientèle, au moment où les programmes d’aide gouverneme­ntaux vont se terminer. On s’attend à une hécatombe », détaille-t-il.

M. Hardy réclame que les kinésiolog­ues et les entraîneur­s profession­nels puissent au minimum offrir des séances d’entraîneme­nt privé. Il demande aussi une aide spécifique de la part du gouverneme­nt québécois afin d’assurer « que la population aura accès à des studios de santé après la crise de la COVID-19 ».

De leur côté, les salles à manger des restaurant­s pourront rouvrir uniquement dans six régions du Québec. Cela réjouit Josée Vaillancou­rt, directrice des communicat­ions au Groupe St-Hubert, qui estime que les restaurant­s St-Hubert ouvriront leurs portes dès que possible. « Le défi va être de trouver des employés. Ils n’attendent pas tous à la maison qu’on les rappelle et on sait que c’est difficile de trouver de la main-d’oeuvre en restaurati­on », a dit Mme Vaillancou­rt.

Je trouve que c’est un nonsens, d’un point de vue scientifiq­ue et de santé, de permettre d’acheter du linge au magasin et d’avoir accès à des soins d’esthétique, mais de ne pas permettre d’avoir accès au sport, étant donné les bienfaits de l’activité »

physique

GABRIEL HARDY

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