Le Devoir

Retour partiel en classe dans les cégeps et les université­s

- BORIS PROULX

Après une absence de plusieurs mois qui commençait à peser sur leur moral, les étudiants des cégeps et des université­s du Québec pourront retourner dans les salles de cours une fois par semaine, promet le gouverneme­nt.

« Il est temps, à un moment donné, que les jeunes soient capables de voir leurs amis, voir leurs profs puis voir une certaine activité sociale », a annoncé le premier ministre François Legault, mardi soir, précisant que l’enseigneme­nt à distance commençait à être « dur pour la santé mentale. »

Les détails de ce déconfinem­ent limité de l’enseigneme­nt supérieur, surtout quant à la logistique d’un retour à temps partiel des étudiants, doivent encore être précisés par la ministre Danielle McCann lors d’un autre point de presse, prévu jeudi. Même si le premier ministre dit respecter l’autonomie des institutio­ns et des professeur­s, il souhaite s’assurer que les étudiants aient la possibilit­é « le plus vite possible » de retourner en classe « au moins une fois par semaine ».

Étudiants soulagés

L’annonce a suscité énormément d’espoir auprès d’Olivier Demers, étudiant au cégep du Vieux-Montréal qui n’a pu entrer dans l’établissem­ent qu’à une poignée d’occasions, bien qu’il en soit déjà à sa deuxième session au cégep.

« C’est une grosse nouvelle que j’attends depuis des semaines. Je sens qu’on a été oubliés [par le gouverneme­nt]. J’espère avoir quelques cours en présentiel, pour me faire un réseau d’amis. En ce moment, je n’en ai pas », explique l’étudiant originaire de la Rive-Sud de Montréal qui a dû cesser de se rendre à son école secondaire du jour au lendemain au printemps dernier.

Ce soulagemen­t est partagé par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Sa présidente, Noémie Veilleux, s’est réjouie que tous les étudiants auront vraisembla­blement le privilège de se rendre physiqueme­nt à certains de leurs cours.

« Ce qu’on a remarqué jusqu’ici, c’est que les sciences humaines et les programmes pour lesquels l’enseigneme­nt pouvait se faire à distance étaient 100 % en ligne, et que les programmes techniques avaient plus de cours en personne. On est très contents que ça s’applique à tout le monde », a-t-elle indiqué au Devoir, tout en précisant qu’elle s’attend à ce que les étudiants qui souhaitent poursuivre en ligne puissent toujours le faire.

Prudence

« Nos étudiants vont mal, en termes de santé mentale, confirme Roxane Borgès Da Silva, professeur­e à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Là où je m’inquiète, c’est qu’on déconfine à ce niveau-là, alors les variants sont à nos portes. Je suis inquiète. »

Elle-même enseignant­e aux cycles supérieurs, l’experte en santé publique dit qu’elle ne serait pas à l’aise d’enseigner à une classe d’amphithéât­re, par exemple, étant donné le risque de transmissi­on du virus. « Je n’irai pas. Je demanderai de rester en ligne. »

M me Borgès Da Silva croit toutefois que le gouverneme­nt pourrait utiliser les tests antigéniqu­es rapides, technologi­e permettant de dépister en quelques minutes et avec grande fiabilité les étudiants possibleme­nt contagieux à la COVID-19. Le Devoir révélait la semaine dernière que le Québec avait utilisé moins de 1 % de sa réserve de tests rapides, prétextant une fiabilité moindre et une capacité d’analyse en laboratoir­e suffisante.

Nos étudiants vont mal, en termes de santé »

mentale ROXANE BORGÈS DA SILVA

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