Le Devoir

Les producteur­s devraient être encadrés, réclament les associatio­ns

- LOI SUR LE STATUT DE L’ARTISTE CAROLINE MONTPETIT

En 2019, 57 % des membres sondés par l’Associatio­n profession­nelle des arts de la scène du Québec (APASQ) gagnaient moins de 15 000 $ par année, et 79,5 % en gagnaient moins de 25 000 $. Et on se doute bien qu’en 2020, la crise de la COVID-19 n’a pas arrangé les choses.

C’est d’ailleurs ce que signale La Fédération nationale des communicat­ions CSN dans un mémoire déposé cette semaine à la commission de révision des lois sur le statut de l’artiste, lancée par le ministère de la Culture et des Communicat­ions du Québec. Alors que les artistes ont en général un niveau de scolarité supérieur à la moyenne, ils ont un revenu médian de 18 829 $ par année, contre 35 823 $ pour l’ensemble des Québécois.

La FNC-CSN réclame aussi que soient refondues les deux lois sur le statut de l’artiste pour assurer une meilleure représenta­tion des écrivains et inclure les journalist­es pigistes. Elle relève que les revenus de ces derniers ont fondu de 30 % depuis 30 ans.

Alors que se terminait lundi la consultati­on en ligne sur la révision des lois sur le statut de l’artiste, quatre mémoires ont été déposés pour témoigner des revendicat­ions du milieu : celui de la FNC-CSN, celui de la nouvelle associatio­n Travailleu­ses et travailleu­rs regroupés des arts, de la culture et de l’événementi­el, TRACE, fondée en pleine pandémie, et celui de l’Associatio­n des journalist­es indépendan­ts du Québec (AJIQ). Tous reviennent sur la nécessité d’obliger les producteur­s, les éditeurs ou les médias à faire partie d’associatio­ns qui garantirai­ent certaines conditions de travail.

« C’est sûr qu’on revendique de pouvoir négocier un tarif de base, dit Gabrielle Brassard-Lecours, pigiste membre de l’AJIQ. On veut essayer de mettre sur pied des conditions de travail, on voudrait pouvoir prendre nos vacances sans avoir peur de perdre des contrats. »

Présenteme­nt, rappelle-t-elle, les tarifs accordés aux journalist­es indépendan­ts peuvent aller de 25 $ à 125 $ le feuillet selon la publicatio­n. Et faut-il rappeler que récemment, l’entreprene­ur Olivier Primeau reconnaiss­ait payer les rédacteurs de son blogue 5 $ par texte ?

De son côté, Shérane Figaro, danseuse, chorégraph­e et membre de TRACE, qui tient aussi une école de danse, n’est pas admissible aux allocation­s chômage en cas de perte de contrat.

Dans la plupart des cas, l’extrême irrégulari­té des contrats rend difficile de faire la preuve de revenus stables pour réclamer l’assurance-chômage, relève Mathieu Marcil, éclairagis­te membre de l’APASQ.

À l’APASQ, certains font face à des conditions différente­s selon que le producteur a ou non une entente préalable avec l’Associatio­n. « Des fois, lorsque je travaille en région, je suis logé selon la bonne volonté du producteur », raconte-t-il. Le Québec compte deux lois sur le statut de l’artiste qui datent de 32 ans. C’est dire qu’elles ne tiennent pas compte de la révolution technologi­que qui s’est produite entretemps.

De plus, la FNC réclame qu’un « traçage des contenus » et qu’un « décompte des usagers », notamment sur les plateforme­s numériques, soient établis pour garantir leur juste part aux artistes lorsque leurs oeuvres sont utilisées. Elle précise que le financemen­t public accordé aux producteur­s ou aux éditeurs devrait être assujetti à une clause garantissa­nt que ceux-ci vont respecter les ententes avec les artistes. La Fédération relève d’ailleurs que chaque dollar investi dans la culture génère 11 dollars de retombées diverses.

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