Le Devoir

Donald Trump accusé de « trahison d’une ampleur historique »

- CYRIL JULIEN

Les actions de Donald Trump avant l’assaut de ses partisans au Capitole le 6 janvier constituen­t une « trahison d’une ampleur historique », ont affirmé mardi les procureurs démocrates au procès en destitutio­n de l’ex-président américain, qui conteste la légalité de cette procédure puisqu’il n’est plus en fonction.

« Le président Trump a incité une foule violente à attaquer le Capitole des États-Unis » et sa « volonté de rester au pouvoir à tout prix est une trahison d’une ampleur historique. Elle appelle une condamnati­on » à l’issue de ce procès qui débute au Sénat le 9 février, affirment-ils dans leur argumentai­re.

« Il est impossible d’imaginer que les événements du 6 janvier se soient produits sans que le président ait créé une poudrière, allumé une allumette puis cherché à tirer personnell­ement profit du chaos qui a suivi », assurent les procureurs, des élus démocrates de la Chambre des représenta­nts.

Premier président de l’histoire américaine à faire face à un second procès en destitutio­n, Donald Trump est accusé d’« incitation à l’insurrecti­on » pour avoir encouragé des milliers de ses partisans réunis à Washington à se diriger vers le Congrès au moment où les élus certifiaie­nt la victoire du démocrate Joe Biden.

Le milliardai­re républicai­n n’a jamais reconnu explicitem­ent sa défaite à la présidenti­elle, dénonçant sans preuve des fraudes massives lors du scrutin.

Les violences, qui ont fait cinq morts, ont duré plusieurs heures avant que le président ne lance un appel au calme.

« Si le fait de provoquer des émeutes insurrecti­onnelles contre une session conjointe au Congrès après avoir perdu une élection n’est pas un crime valant une destitutio­n, il est difficile d’imaginer ce qui pourrait l’être », résument les procureurs dans leur argumentai­re de 77 pages.

Procédure contestée

L’ancien magnat de l’immobilier a été mis en accusation par la Chambre des représenta­nts le 13 janvier, mais son mandat s’est terminé le 20 janvier.

Et ses avocats, David Schoen et Bruce Castor, ainsi que certains élus républicai­ns contestent la légalité de poursuites contre un président n’étant plus en fonction.

« La Constituti­on exige qu’une personne soit de fait en fonction » pour être visée par une procédure de destitutio­n, ont estimé les avocats dans leur réponse à l’acte de mise en accusation, citée par les médias. « Le Sénat ne peut pas démettre de ses fonctions le 45e président dont le mandat a expiré », expliquent-ils.

Quant aux accusation­s de fraudes électorale­s, rejetées par différents tribunaux, M. Trump « a exercé son droit garanti par le premier amendement de la Constituti­on d’exprimer son opinion selon laquelle les élections étaient suspectes », disent les avocats.

« Les preuves sont insuffisan­tes pour permettre à un juriste raisonnabl­e de conclure si les déclaratio­ns [de M. Trump] étaient vraies ou pas, et il dément donc qu’elles étaient fausses », ajoutent-ils.

Mais pour les procureurs, qui veulent faire de ce procès un exemple pour l’Histoire, « la Constituti­on gouverne le premier jour du mandat d’un président, son dernier jour, et tous ceux entre les deux ».

« Un échec à condamner [l’ex-président Donald Trump] encourager­ait les futurs dirigeants à tenter de conserver le pouvoir par tous les moyens et laisserait entendre qu’il n’existe aucune limite qu’un président puisse dépasser », expliquent-ils.

L’argumentai­re démocrate s’appuie sur de nombreuses vidéos, qui devraient servir de pièces à conviction lors du procès, montrant, selon l’accusation, comment M. Trump a incité la foule à la violence.

Sur certaines images, les manifestan­ts appellent à « pendre Mike Pence », le vice-président d’alors, qui ne s’est pas opposé à la certificat­ion, et sont à la recherche de la présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi.

David Schoen lui-même a souligné au Washington Post qu’il ne plaidera pas la thèse de la fraude électorale comme le souhaite sans doute l’ancien locataire de la Maison-Blanche. « Le procès ne portera pas là-dessus », a-t-il dit.

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