Le Devoir

Âgisme et racisme

- André Goyette Le 1er février 2021

En décembre dernier j’ai célébré mon quatre-vingtième anniversai­re. Je fais du vélo et de la natation l’été, du ski de fond l’hiver. Je suis en bonne santé, je ne prends aucun médicament et fais régulièrem­ent mes exercices physiques. Je conduis ma voiture et mon permis de pilote d’avion privé est toujours valide (mais je ne peux pas voler pour le moment avec mes amis, COVID oblige). Il ne faudrait pas penser que je suis exceptionn­el, on a qu’à vérifier le nombre de centenaire­s au Québec.

Mais qu’est-ce que cette folie qui se répand comme le virus de vouloir juger tout le monde sur l’âge ? L’adage dit que la valeur n’attend pas le nombre des années, mais on pourrait aussi dire que le nombre des années n’est pas l’indice premier de la santé ou de la valeur de la vie. Nous avons tous connu des jeunes aux prises avec de graves problèmes de santé : infirmités, maladies chroniques, troubles mentaux incurables, etc.

Le racisme juge une personne par la couleur de la peau, l’origine ethnique. L’âgisme prend l’âge comme facteur premier de jugement. C’est aussi irrationne­l et injuste.

Il est ironique qu’on fasse tant de difficulté­s à celui qui veut s’enlever la vie lorsqu’elle n’est plus supportabl­e, et qu’on veuille faciliter la mort de malades parce qu’ils sont vieux et qu’ils prennent de la place dans la file d’attente. À ce titre, on devrait donc éliminer aussi les jeunes malades chroniques, débiles graves, psychotiqu­es, qua-driplégiqu­es, etc.

Ma mère est morte il y a cinq ans, chez elle. Elle avait encore toute sa lucidité et son sens de l’humour. Elle a demandé de la morphine à la fin. Elle avait 102 ans.

C’est surprenant et triste de voir qu’on attribue tant d’importance à l’âge sur la qualité et la valeur de la vie.

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