Le Devoir

Un festin de Château pour la Saint-Valentin

- RESTOS SOPHIE GRENIER-HÉROUX COLLABORAT­RICE

Certains affirmeron­t que la Saint-Valentin n’est qu’une invention pour consommer, d’autres diront que cette journée est à l’affection ce que Noël est à la famille. Peu importe le sens dans lequel on vire l’affaire, une chose demeure : tous les prétextes sont bons pour s’offrir des plaisirs par les temps qui courent. Et déguster le menu du Château en est un.

Nous sommes un jeudi soir et il n’y a de rouge que les joues des filles au retour de la garderie. Informatio­n à la fois banale et pertinente en ce sens que le repas pensé pour un couple est aussi sympathiqu­e pour une famille avec deux jeunes enfants. Nous disposons sur la table le plateau à partager qui, à sa seule vue, titille quatre estomacs. C’est joli et ça sent divinement bon !

Si les bambines n’en ont que pour les petits pains aux olives et l’houmous de betteraves, haricots et ail rôti — une valeur sûre réussie —, on se jette littéralem­ent sur ce lingot de foie gras avec sa mousseline de céleri à la truffe. Non seulement c’est une de meilleures mousses de foie gras que nous ayons mangé depuis longtemps, mais le mariage avec le céleri et la truffe élève cet ingrédient qui nous semblait un brin galvaudé en quelque chose de délicat, voire frais. On récidivera, c’est certain. On gardera aussi en tête les rillettes d’esturgeon fumé avec crème de raifort et pickles d’armillaire, engouffrée sans qu’on s’en rende vraiment compte.

Mais ce qu’on garde surtout en tête après ces entrées, c’est la ligne directrice franche dans la mise en valeur des ingrédient­s québécois et boréaux. Hormis quelques écarts — comme l’huile de truffe ou les biscottes Ritz (!)

—, on y sent une volonté de jouer avec ce qui foisonne dans notre garde-manger national. Le chef Stéphane Modat, qui a récemment annoncé son départ, peut être fier de voir que sa passion est devenue une empreinte dans les cuisines du Château.

Pendant que les filles terminent les pointes de fromage, trois plats réchauffen­t doucement au four. Court intermède qui donne le temps de saluer le choix des contenants qui se lavent tous parfaiteme­nt bien pour mieux valser au recyclage.

Alors que nous vivons l’époque formidable de la multiplica­tion des menus de prêt-à-manger, ce fait semble digne de mention. Dans les deux premiers plats chauds se trouvent du canard braisé avec une savoureuse sauce au myrique baumier, champignon­s sauvages et topinambou­rs, puis des légumes racines glacés au miel avec sarrasin blanc et noisette. On a eu beau soulever chaque carotte, panais et radis, il n’y avait malheureus­ement aucune présence de sarrasin, un grain qu’on retrouve souvent rôti ou torréfié en finale de plat.

Fort heureuseme­nt, il y avait de quoi se changer les idées : la soyeuse purée de topinambou­rs. Ce légume qui a notre affection depuis toujours était travaillé simplement et parfaiteme­nt assaisonné. D’ailleurs, c’est sans doute le verdict pour l’ensemble des plats dégustés : l’assaisonne­ment est à point. Ce qui n’est pas un détail.

Nous avions, sans le savoir, gardé le meilleur pour la fin. Au moment où ces lignes étaient écrites, force est d’admettre qu’on salive encore en repensant au gratin de fruits de mer. Homard au goût d’été, crevettes et pétoncles légèrement poêlés au coeur bien moelleux malgré le coup de réchaud. Étonnant ! La sauce crémeuse au vin blanc est décadente, une cuillère est de mise pour éviter les pertes.

On aurait pu conclure de suite qu’on aurait été comblés. Or, comme le concept est la Saint-Valentin, il y avait deux gâteaux tirés à quatre épingles avec macaron assorti, qui venaient compléter ce repas formidable.

$$$ Un billet rouge par personne

 ?? FAIRMONT LE CHÂTEAU FRONTENAC ?? Le plateau à partager du Château Frontenac est joli, et ça sent divinement bon !
FAIRMONT LE CHÂTEAU FRONTENAC Le plateau à partager du Château Frontenac est joli, et ça sent divinement bon !

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