Le Devoir

Critiqué de toutes parts, Justin Trudeau tente de se faire rassurant

La pression ne cesse de s’accentuer sur le gouverneme­nt fédéral, après que Pfizer et Moderna ont reporté à plus d’une reprise leurs livraisons de vaccins

- MARIE VASTEL À OTTAWA Avec Mylène Crête

Justin Trudeau a tenté de calmer vendredi l’inquiétude et l’impatience grandissan­tes au pays par rapport au retard de livraisons de vaccins ces dernières semaines. Le premier ministre fédéral a dit comprendre les frustratio­ns des citoyens et surtout celle des provinces — dont le Québec, qui a haussé le ton vendredi. Mais M. Trudeau n’avait pas de nouveaux détails à donner, quant au calendrier de ces livraisons, pour apaiser la population.

« Je sais qu’il y a beaucoup d’anxiété, alors je le répète : de notre côté, notre plan est en marche », a insisté le premier ministre fédéral, en s’adressant directemen­t aux Canadiens en conférence de presse.

La pression ne cesse de s’accentuer sur le gouverneme­nt fédéral, après que Pfizer et Moderna ont réduit à plus d’une reprise leurs livraisons de vaccins. Justin Trudeau a répété une fois de plus que toutes deux livreraien­t 6 millions de doses d’ici la fin mars (quatre et deux millions respective­ment) et 20 millions de doses au printemps.

« Nous savions que des retards à court terme étaient possibles, alors nous avons planifié en conséquenc­e », a argué le premier ministre. Les contrats du Canada prévoient une commande trimestrie­lle. Les pharmaceut­iques peuvent donc modifier leurs livraisons hebdomadai­res sans pour autant enfreindre

L’objectif de vacciner 250 000 personnes avant le 8 février, fixé en début d’année, demeure en voie d’être atteint

leur engagement contractue­l. Mais M. Trudeau et son gouverneme­nt ont refusé de préciser si des pénalités ou des recours sont prévus aux contrats d’approvisio­nnement si les compagnies ne livrent pas la totalité des doses promises au terme de chaque trimestre.

Ces fluctuatio­ns hebdomadai­res inquiètent les Canadiens — les libéraux de Justin Trudeau ont perdu des plumes dans les sondages — de même que les provinces, qui tentent tant bien que mal de vacciner leurs population­s.

Le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, n’a d’ailleurs pas caché son mécontente­ment. « On était bien partis, mais là on ne vaccine plus personne », a-t-il affirmé lors de son propre point de presse. « C’est un peu comme si on avait une voiture neuve, bien réglée, puissante, solide, mais qu’on n’avait pas d’essence. C’est carrément ça. Le gouverneme­nt fédéral est incapable de nous fournir des vaccins. »

Québec conserve néanmoins le même calendrier de vaccinatio­n. L’objectif de vacciner 250 000 personnes avant le 8 février, fixé en début d’année, demeure en voie d’être atteint. À ce jour, 248 673 Québécois ont reçu leur première dose. Québec conserve aussi la même stratégie pour ce qui est de la deuxième dose des vaccins Pfizer ou Moderna, qui sera administré­e dans un délai de 42 à 90 jours.

Le Québec n’est pas le seul à en vouloir à Ottawa. Les premiers ministres provinciau­x ont de concert fait part de leur frustratio­n à Justin Trudeau jeudi soir, lors de leur appel hebdomadai­re. Ils réclament plus de prévisibil­ité de la part d’Ottawa afin de coordonner leurs campagnes de vaccinatio­n.

« Je comprends que les provinces sont en train de faire face à des défis énormes », a reconnu M. Trudeau vendredi, en promettant de « continuer de travailler avec les provinces. »

Des doses en route

M. Trudeau a fait valoir que les livraisons de Pfizer augmentero­nt à la mi-février et que son gouverneme­nt « se prépare aussi pour la phase “accélérati­on” qui va débuter en avril, comme prévu ». L’approbatio­n d’autres candidats vaccins à l’étude par Santé Canada viendra également bonifier l’offre disponible.

Le Canada recevra en outre 1,9 million de doses du vaccin d’AstraZenec­a d’ici fin juin, par le biais de l’initiative COVAX.

Le premier ministre a dû se défendre de se prémunir de ces doses réservées auprès de l’initiative COVAX — un mécanisme internatio­nal rassemblan­t plusieurs pays afin que les plus riches aident à approvisio­nner les moins fortunés. Le Canada a ainsi déboursé 440 millions, dont la moitié pour se procurer ses propres doses de vaccin et le reste pour aider les pays dans le besoin. Et Ottawa a fait savoir qu’il réclamerai­t une partie de cette commande dès la première distributi­on.

« Il a toujours été prévu que nos contributi­ons servent à obtenir des doses de vaccins pour les Canadiens, de même qu’à soutenir les pays moins nantis », a fait valoir M. Trudeau.

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