Le noir n’est pas une absence de couleur
Sam Pollard raconte près d’un demi-siècle d’émancipation de l’art noir
Dave Drake, dit The Potter, signait ses oeuvres de son prénom, lui, l’esclave capable de renverser le monde avec un art dont il était passé maître. C’est en découvrant son travail que le sculpteur américain Theaster Gates, alors pupille auprès des grands maîtres (tous blancs), connaîtra le déclic. Se voir pour y croire est fondamental, explique-t-il. Cet élan rappelle celui, spectaculaire, de David Driskell, qui, avec Two Centuries of Black American
Art, propulsait les artistes noirs dans la lumière populaire, en 1976.
Le chemin parcouru depuis est considérable, montre Black Art : In
the Absence of Light. L’exigeante leçon d’histoire, signée Sam Pollard, appelle à la barre une série d’artistes comme Kara Walker, les portraitistes des Obama, Kehinde Wiley et Amy Sherald, ou encore les légendes Faith Ringgold et Kerry James Marshall. En leur compagnie, un monde se déploie. Après tout, rappelle Marshall : « Le noir n’est pas une absence de couleur, mais une couleur en soi », riches de tonalités qu’il aura lui-même explorées au fil de ses toiles politiquement chargées, certaines traversées par les mouvements Black Is Beautiful et, plus récemment, Black Lives Matter.
Très centré sur la peinture, et c’est sans doute sa plus grande faiblesse, ce panorama réfléchi est animé par des observateurs aguerris et passionnants. Si dense soit-il, il ne fait toutefois qu’effleurer certains pans d’une histoire en marche qui va s’accélérant et se complexifiant. On en émerge donc éblouis, certes, mais non sans un vif appétit pour une suite que l’on se souhaite à l’avenant. Et pour bientôt.
Black Art : In the Absence of Light HBO, le mardi 9 février, 21 h ; aussi en ligne sur Crave