Le Devoir

Des infirmière­s insultées par l’offre de Québec

- HELEN MOKA

Un syndicat représenta­nt 5000 infirmière­s, infirmière­s auxiliaire­s et inhalothér­apeutes au Québec déplore que le gouverneme­nt Legault ne cherche pas à donner un peu d’oxygène à ces travailleu­ses de la santé, malgré l’année éprouvante qu’elles viennent de passer à lutter contre la pandémie de COVID-19.

La Fédération de la santé du Québec (FSQ), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), a annoncé ce week-end le rejet de l’offre globale de règlement soumise par les représenta­nts du gouverneme­nt. Elle a fait état du grand mécontente­ment de ses membres, qui n’en sont pas rendus toutefois à songer à des moyens de pression.

« On n’en est pas là. Aujourd’hui, ce qu’on veut dire publiqueme­nt, c’est que l’offre du gouverneme­nt qui a été faite à la FSQ est inacceptab­le », a déclaré la présidente de la CSQ, Sonia Ethier, dimanche.

« Les gens sont très fâchés de l’offre du gouverneme­nt, et ça ne réglera en rien les problèmes qu’il y a dans le réseau de la santé », a-t-elle souligné.

La présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour, déplore la lenteur des négociatio­ns. « En 16 mois, on n’a même pas réglé un seul article », a-t-elle dit en faisant référence aux demandes syndicales déposées en novembre 2019.

Si elle reconnaît que la gestion de la pandémie a freiné à un certain moment les négociatio­ns entre les parties, elle trouve toutefois gênant et inappropri­é de la part du gouverneme­nt de demander des « concession­s » à des personnes « qui n’ont même pas eu le droit à leurs vacances ».

Elle explique que les négociatio­ns achoppent notamment sur les ratios patients-infirmière et sur la lourdeur de la tâche de travail à accomplir.

« Tous les jours, on voit dans les réseaux sociaux et dans les médias quelqu’un qui pleure de ses conditions de travail, qui démissionn­e », a affirmé la présidente de la FSQ-CSQ.

« Qu’on ne veuille pas discuter du fardeau des tâches, des moyens à prendre et des mécanismes à mettre en place… Comment peut-on ne pas en parler et trouver des solutions dans la convention collective ? » s’est interrogée Claire Montour.

Pour illustrer le portrait de la situation comme elles la perçoivent, la présidente Sonia Ethier a offert quelques statistiqu­es sur les congés de maladie dans le réseau de la santé. « En 2018-2019, il y a eu 700 millions de dollars en assurance salaire pour l’ensemble du réseau de la santé et des services sociaux. L’année précédente, c’était 500 millions. C’est en croissance. Le monde est de plus en plus malade. Ça représente plus de 10 000 postes, 10 000 personnes qui sont malades, et ce n’est pas avec cette offre qui est faite que ça va régler les problèmes de fond », a affirmé Mme Ethier.

Le Conseil du trésor dit prendre acte de la décision du syndicat. « Il s’agissait de la même offre qui a été acceptée en décembre dernier par la FIQ, qui représente quant à elle 90 % des infirmière­s. Nous poursuivon­s les discussion­s et souhaitons une entente dans les meilleurs délais », a rappelé par courriel Florent Tanlet, l’attaché de presse de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

Tous les jours, on voit dans les réseaux sociaux et dans les médias quelqu’un qui pleure de ses conditions de travail, qui démissionn­e CLAIRE MONTOUR

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