Les musées fin prêts à rouvrir leurs portes
Les musées québécois sont fin prêts à rouvrir leurs portes cette semaine après des mois de fermeture, qui leur ont toutefois permis de restaurer des oeuvres et d’enrichir leur offre numérique.
Dans l’annonce de son déconfinement partiel, le gouvernement québécois a annoncé la réouverture des musées, qui avaient été fermés à l’automne alors que la deuxième vague de la pandémie commençait sa montée.
Comme tous les autres pans de la société qui ont été touchés par le confinement, les musées ont vu leurs revenus chuter en 2020. Toutefois, le musée Pointe-à-Callière, à Montréal, dont les recettes ont fondu de moitié l’année dernière, a pu profiter d’une subvention fédérale qui lui a permis de conserver « la plupart de ses emplois ».
Au Musée McCord, toujours dans la métropole, des employés « bien formés, compétents et talentueux » ont dû être mis à pied temporairement. Et la réouverture devenait critique dans ce cas, car certains commençaient à se chercher d’autres emplois, a indiqué Pascale Grignon, directrice marketing, communications et expérience visiteur au musée.
Au Musée national des beaux-arts du Québec, on était soulagé de la réouverture, mais de l’aveu même de son directeur général, il n’était pas « le plus à plaindre » dans le milieu culturel, car il avait réussi à bien profiter de l’ouverture estivale. « On a quand même été ouverts de juin à la mi-octobre. On avait, nous, le blockbuster Frida Kahlo, Diego Rivera et le modernisme mexicain.
Ça a bien fonctionné », a indiqué JeanLuc Murray, ajoutant toutefois qu’un musée sans ses visiteurs et ses activités connexes « perdait de son sens ».
Le travail s’est poursuivi
Si l’absence des visiteurs a été catastrophique pour les revenus de plusieurs établissements, cette pause leur a toutefois facilité la tâche pour achever certaines constructions et restaurer des oeuvres.
Par exemple, le Musée canadien de l’histoire, à Gatineau, a pu terminer sa salle des Premiers Peuples, qui sera ouverte au public dès mercredi. « Il y a quand même 2000 artefacts dans la salle des Premiers Peuples ; on n’a pas tout retravaillé, mais il y a toute une section qui a dû l’être, avec les supports, la conservation », a relaté Chantal Amyot, directrice générale par intérim du musée. « Ça a été très, très, très occupé. »
Aux musées Pointe-à-Callière et McCord, des travaux de restauration ont pu être effectués, mais les institutions ont aussi travaillé sur des expositions numériques pour les muséophiles. « Au printemps dernier, nous avions déjà une certaine offre numérique, mais avec la pandémie, on a pu développer une grande variété d’offres numériques et cette offre numérique va être maintenue », a expliqué Anne Élisabeth Thibault, directrice générale de Pointe-à-Callière.
« C’est un nouveau type de programmation qui, du coup, rend beaucoup plus accessible notre programmation à des gens qui ne sont pas en mesure de se déplacer », a renchéri Mme Grignon, dont le musée continuera à offrir ce contenu numérique malgré la réouverture.
Au Musée national des beaux-arts, presque toutes les équipes étaient encore au travail, notamment pour préparer les prochaines expositions, dont celle sur Picasso qui devrait être offerte à l’été.
Négociations avec les prêteurs
La fermeture prolongée a aussi forcé les musées à négocier avec d’autres établissements pour permettre de prolonger la location de certaines oeuvres.
Par exemple, le Musée McCord, qui offre une exposition sur Christian Dior, a dû discuter plusieurs fois avec le Musée royal de l’Ontario, à Toronto. « Finalement, on est très contents, c’est sûr qu’on a l’exposition pour plusieurs mois », a affirmé Mme Grignon.
À Pointe-à-Callière, il a fallu reporter à l’automne la présentation d’une exposition sur le cirque parce qu’il était trop compliqué de déplacer des artefacts provenant de prêteurs internationaux. Le musée a remplacé cette exposition par une autre sur le train, dont les prêteurs sont au Québec et au Canada.
Les musées n’ouvriront pas tous dès lundi. Plusieurs ont reporté leur ouverture de quelques jours pour pouvoir refaire les horaires des employés et s’assurer que toutes les mesures sanitaires sont en place.
« Ce sont des lieux qui permettent un peu de nourrir l’âme, les musées, a souligné Pascale Grignon. On a la possibilité d’avoir accès à la culture en personne, c’est vraiment précieux, ça fait toute une différence. »