Nétanyahou rejette les accusations de corruption
Le premier ministre était face à ses juges lundi pour la reprise de son procès
Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a de nouveau rejeté lundi les accusations de corruption à son encontre lors d’une brève comparution au tribunal de Jérusalem, à six semaines d’élections cruciales pour sa survie politique.
Masque sanitaire noir sur le bas du visage, M. Nétanyahou, 71 ans, est resté environ 20 minutes lundi matin dans la salle d’audience du tribunal de Jérusalem, où il est jugé pour des accusations de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans trois affaires.
« J’approuve la réponse écrite en mon nom », a-t-il déclaré en allusion à une lettre rédigée par ses avocats et présentée à la justice le mois dernier, dans laquelle il « nie toutes les charges » retenues contre lui.
Détenteur du record de longévité des premiers ministres israéliens avec 15 ans au pouvoir, M. Nétanyahou est le premier chef de gouvernement de l’histoire d’Israël jugé en étant en fonction.
Au tribunal, ses avocats, Boaz Ben Zur et Amit Hadad, ont accusé le procureur général, Avichai Mandelblit, qui avait été nommé par M. Nétanyahou, de mal gérer l’affaire. Selon eux, une partie de l’enquête a été ouverte sans les autorisations requises. La défense avait auparavant demandé quelques mois pour préparer le dossier, arguant de sa complexité.
Les juges ont indiqué qu’ils étudieraient ces allégations avant d’annoncer les dates de la prochaine étape du procès, ce qui laisse entendre que M. Nétanyahou ne devrait pas se représenter au tribunal avant le scrutin du 23 mars.
« Je ne pense pas qu’ils vont se précipiter à la phase des preuves avant les élections », a déclaré lundi soir M. Nétanyahou, qui dément les accusations portées contre lui. « Cela serait perçu comme une intrusion évidente dans les élections », a-t-il ajouté.
« 1000, 2000, 4000 »
Lundi, des manifestants rassemblés à l’extérieur du tribunal ont appelé au départ du chef du gouvernement. « Dégage », « Tu ne voleras point », pouvait-on lire sur des banderoles.
« Nous sommes ici pour balayer toute la saleté et toute la corruption qu’il [M. Nétanyahou] a créées ces dernières années », a déclaré Claudia Manoquian, une manifestante. « Nétanyahou veut établir une dictature en Israël, nous ne le laisserons pas faire. »
Le premier ministre est jugé dans trois affaires. Le dossier Bezeq, aussi nommé « Affaire 4000 », où il est accusé d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable par le site Walla contre des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars à Shaul Elovitch, alors patron du géant israélien des télécoms Bezeq, dont Walla fait partie. M. Nétanyahou, qui détenait à l’époque également le portefeuille des Communications, a nié avoir cherché à obtenir une couverture favorable de Walla en échange de son approbation en 2015 à une fusion de Bezeq avec le distributeur de télévision par satellite Yes.
Dans l’« Affaire 2000 » ou Mediagate, il est accusé d’avoir cherché à s’assurer une couverture favorable, mais cette fois du quotidien payant le plus lu en Israël, Yediot Aharonot, en échange d’une possible loi limitant la diffusion du journal gratuit Israel Hayom, son principal concurrent.
Dans le troisième dossier, « l’Affaire 1000 », M. Nétanyahou et des membres de sa famille sont soupçonnés d’avoir reçu des cadeaux — cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux — pour plus de 700 000 shekels (environ 273 000 dollars canadiens) de la part de personnalités en échange de faveurs financières ou personnelles.
M. Nétanyahou a indiqué avoir reçu un avis juridique d’experts concluant qu’il avait le droit d’accepter des cadeaux d’amis proches et nie avoir octroyé des faveurs.