Appels à sauver la « cohorte COVID »
Les difficultés des élèves du secondaire, révélées par le taux d’échec en mathématiques, font craindre une transition périlleuse vers le cégep à la rentrée de l’automne prochain. Des acteurs du réseau scolaire réclament des mesures pour éviter le décrochage d’une nouvelle « cohorte COVID ».
La pandémie a tiré vers le bas la réussite des élèves, surtout en troisième, quatrième et cinquième années du secondaire, ont révélé des données colligées par les associations de directions d’école. La Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) a indiqué lundi qu’un élève du secondaire sur quatre a échoué en mathématiques. Le taux d’échec varie entre 20 % (en 5e secondaire) et 31 % (en 3e secondaire). En français, entre 17 % (en 4e secondaire) et 20 % des élèves (en 1re et en 2e secondaire) n’ont pas obtenu la note de passage.
« Ces données sont venues confirmer nos appréhensions », dit Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FECCSQ). Elle estime que le ministère de l’Enseignement supérieur doit prévoir dès maintenant des mesures pour la rentrée collégiale de l’automne prochain : par exemple, offrir davantage de tutorat, diminuer le nombre d’élèves par groupe et faire connaître aux cégépiens les programmes d’aide existants.
Camps pédagogiques
Le premier ministre François Legault n’exclut rien, y compris la tenue de camps pédagogiques durant l’été. « Est-ce qu’il faut faire des camps de rattrapage ? À ce moment-ci, il ne faut rien exclure. J’ai demandé [au ministre de l’Éducation] Jean-François Roberge qu’on fasse le maximum pour que les enfants réussissent leur année », a fait valoir le premier ministre lors d’un point de presse mardi après-midi.
Simon Larose, professeur au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval, estime que les camps pédagogiques d’été seraient une bonne idée. Il reste à voir qui pourrait donner la matière aux élèves.
Le professeur approuve aussi le programme de tutorat annoncé le mois dernier par le ministre Roberge, même si les tuteurs proviendront de l’extérieur de l’école. Le modèle idéal aurait été d’avoir des tuteurs issus de chacune des écoles, mais il convient que la pénurie de personnel rend cet idéal difficile à atteindre.
Au-delà de l’aide pédagogique aux élèves, la façon d’accueillir les jeunes au cégep peut avoir un effet important sur leur motivation et sur leur réussite, explique ce spécialiste des transitions, notamment entre le secondaire et le cégep. « Il faut arrêter les messages de peur, comme de dire par exemple : “Attention, vous allez vous planter !” »
Des gestes simples des profs peuvent motiver les cégépiens : se rendre disponible pour discuter 15 minutes avant ou 15 minutes après les cours à distance, pour recréer l’ambiance des discussions de corridor ; ne pas surcharger les élèves de travaux.