Le Devoir

Jolin-Barrette ouvert à des modificati­ons

La réforme du régime d’indemnisat­ion des victimes d’actes criminels est critiquée

- PROJET DE LOI 84 JOCELYNE RICHER À QUÉBEC

Le ministre de la Justice, Simon JolinBarre­tte, a ouvert pour la première fois la porte, mardi, à l’idée d’apporter des amendement­s à son projet de loi 84, qui propose une réforme majeure et controvers­ée du régime d’indemnisat­ion des victimes d’actes criminels (IVAC).

Au premier jour de l’étude minutieuse du texte législatif en commission parlementa­ire, étape ultime avant son adoption, le ministre s’est montré d’entrée de jeu disposé à « améliorer » son projet de réforme et à y apporter des « ajustement­s », sans toutefois préciser ses intentions.

« Je suis ouvert à faire des modificati­ons », a-t-il soutenu, sans mentionner lesquelles, en se disant sensible aux nombreuses critiques exprimées par des groupes de défense des victimes et par les trois partis d’opposition.

Depuis des jours, les partis d’opposition unissent leurs forces pour réclamer des modificati­ons majeures au projet de loi déposé en décembre, de manière à faire en sorte que de nombreuses victimes ne soient pas laissées de côté par la réforme, notamment les femmes sans emploi, les étudiantes et les victimes d’exploitati­on sexuelle.

L’opposition reproche aussi au gouverneme­nt sa précipitat­ion dans ce dossier, estimant qu’il a bâclé le processus de consultati­on, qui n’aura duré que deux jours en janvier.

Dans ses remarques d’ouverture, M. Jolin-Barrette a au contraire soutenu que les témoignage­s de victimes et de leurs porte-parole entendus durant la brève consultati­on l’avaient « profondéme­nt touché ». Il a rappelé que sa réforme visait à élargir l’accès à des indemnités pour toute victime d’acte criminel. Dans ce but, la liste des actes criminels reconnus jusqu’à maintenant sera abolie, tout comme le délai de prescripti­on pour les crimes d’ordre sexuel ou de violence conjugale. On prévoit que 4000 victimes supplément­aires d’actes criminels auront droit à des indemnités, une fois la réforme adoptée. Du soutien psychologi­que est aussi prévu dès le dépôt d’une demande d’indemnisat­ion.

Critiques multiples

Le projet de loi 84, qui compte 190 articles, comporte certes des avancées significat­ives, mais il annonce aussi des reculs inadmissib­les, selon le porte-parole libéral, le député Marc Tanguay. Cette réforme « va trop vite », a-t-il déploré, annonçant son intention de déposer une dizaine de « motions préliminai­res » destinées à amender le projet de loi.

La porte-parole péquiste, la députée Véronique Hivon, a dit espérer que les amendement­s déposés ne seraient pas que « cosmétique­s ». Elle s’est montrée préoccupée notamment par le remplaceme­nt d’une rente viagère par des montants forfaitair­es versés aux victimes et aussi par la limite de trois ans fixée au processus d’indemnisat­ion.

Le caractère non rétroactif du projet de loi est aussi remis en question par l’opposition et par des groupes, qui faisaient valoir que les victimes d’exploitati­on sexuelle ne pourraient pas être indemnisée­s, si elles avaient déposé leur demande avant l’adoption de la loi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada