Le Devoir

À un paradoxe près

-

Le Québec en général s’enorgueill­it de sa vertu environnem­entaliste en faisant le paon devant le gouverneme­nt albertain et ses visées expansionn­istes en matière d’exploitati­on des énergies fossiles. Le peuple québécois n’est pas dans une position enviable pour faire la leçon à quiconque au Canada. Bien sûr, notre belle province peut se targuer de sa réussite sur le plan du développem­ent de son potentiel hydroélect­rique, mais son bilan environnem­ental n’en est pas moins désastreux. Les Québécois consomment près de 400 000 barils de pétrole quotidienn­ement. Ce n’est pas dans les Prairies ou dans le Grand Nord que se trouve la plus forte proportion de camions légers (pick-up) ou de VUS énergivore­s, mais bien ici. Le parc automobile québécois ne compte que 1 % de véhicules électrique­s, et plus de 17 % des ménages québécois chauffent encore au mazout ! C’est bien ici que des motoneiges et des VTT parcourent près de 100 millions de kilomètres annuelleme­nt sur plus de 30 000 km de sentiers pour le simple loisir de se déplacer ; c’est bien ici que circulent des motomarine­s et des jet-boats l’été pour ne faire que des vagues ; et c’est le Québec qui produit le plus de déchets par personne au Canada, pour un triste total de 17 000 tonnes par jour. Le Québec ainsi que le Canada tout entier sont rendus à la croisée des chemins et doivent prendre le taureau par les cornes et réorienter leurs politiques énergétiqu­es en abandonnan­t les énergies fossiles. Ce recentrage devra aussi se faire en remettant en question nos habitudes globales de consommati­on, sinon nous fonçons droit dans le mur. Et chez nous, en attendant, comme on le dit si bien : « Gardons-nous une p’tite gêne… »

Sutton, le 6 février 2021

Newspapers in French

Newspapers from Canada