Christian Dubé a toujours confiance en Daniel Paré
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a toujours confiance en Daniel Paré pour gérer la campagne de vaccination contre la COVID-19 malgré les nouvelles révélations au sujet du Manoir Liverpool, une résidence pour personnes âgées de Lévis où des aînés ont subi de la maltraitance.
L’Autorité des marchés publics a blâmé sévèrement le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, dirigé par M. Paré, qui a octroyé illégalement pour 8,8 millions de dollars de contrats gouvernementaux à cette résidence pour aînés. Cette dernière ne détenait pourtant pas l’autorisation requise pour obtenir des contrats publics aussi importants. Cette autorisation vise à assurer l’intégrité de l’entreprise.
« J’ai toujours confiance en Daniel Paré », s’est contenté de répondre le ministre Dubé au Devoir alors qu’il se rendait au Salon bleu pour répondre aux questions des partis d’opposition sur sa gestion de la pandémie.
M. Paré a pris en charge la campagne de vaccination contre la COVID-19 au Québec le 8 décembre, une semaine avant que les premières injections soient données, pour remplacer Jérôme Gagnon, qui s’était retiré pour des raisons de santé. Le président-directeur général du CISSS de Chaudière-Appalaches a refusé notre demande d’entrevue. Le ministère de la Santé a indiqué qu’il « continue de se concentrer pleinement sur son rôle de directeur de la campagne de vaccination contre la COVID-19 au Québec ».
Québec solidaire a réclamé sa démission vendredi. « Je pense que les informations qui ont été rendues publiques hier sont la goutte qui fait déborder le vase, a affirmé son co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois. Je pense que M. Paré ne peut pas rester en poste. »
Mais il ne devrait pas être le seul à porter le blâme, selon lui, « alors que les causes profondes du scandale Liverpool, elles, sont politiques ». Il a appelé la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, et l’ex-ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à rendre des comptes.
« Ce genre de cafouillage bureaucratique, il est notamment lié au cafouillis créé par les réorganisations de Gaétan Barrette en 2015, 2016, 2017, a-t-il affirmé. Il y a eu un roulement infernal de gestionnaires dans ces années-là, et c’est notamment à cause de ce roulement infernal que des aberrations comme celles-là ont été rendues possibles. »
Le Parti québécois a appelé le gouvernement « à prendre les dispositions appropriées » à l’endroit de M. Paré, sans toutefois aller jusqu’à réclamer sa démission. « Je crois que si le gouvernement croit à l’imputabilité des p.-d.g., s’il est reconnu que le p.-d.g. a pris une décision à l’encontre des règles, bien le gouvernement doit sévir », a dit le député Joël Arseneau.
L’affaire des contrats publics du Manoir Liverpool s’ajoute à des révélations de maltraitance à l’endroit des aînés qui habitaient dans cette résidence. Un rapport du CISSS de Chaudière-Appalaches a confirmé récemment plusieurs cas de mauvais traitements. Des aînés ont été privés de leurs médicaments et leur nourriture a été rationnée. Le rapport notait également la présence de rongeurs.
M. Paré s’était alors défendu par communiqué, affirmant avoir demandé une enquête après avoir « eu vent des pratiques malveillantes » et avoir créé « une équipe de vigie » qui devait se rendre régulièrement à la résidence pour aînés afin de « s’assurer de la qualité des services ». Il n’avait toutefois pas été mis au courant des plaintes. « Si j’avais eu le moindre doute que des pratiques malveillantes étaient en cours au Manoir Liverpool, j’aurais agi plus tôt », avait-il écrit.
Le premier ministre François Legault avait indiqué jeudi qu’une enquête externe allait examiner pourquoi les plaintes de mauvais traitements au Manoir Liverpool ne se sont pas rendues jusqu’au p.-d.g de ce CISSS. « Je l’ai souvent dit dans l’opposition, puis je n’ai pas changé d’idée depuis que je suis au gouvernement, je n’aime pas ça qu’il arrive un problème puis que personne n’est responsable, personne n’est coupable », avait-il rappelé.
« Oui, il y a une responsabilité, de la part du président, de s’assurer aussi que les informations importantes se rendent jusqu’à lui, avait-il ajouté. Donc, on est en train de faire une enquête externe. Puis, pour l’instant, il n’y a rien d’exclu. »