Voyageurs bientôt sous surveillance
Les quarantaines obligatoires à l’hôtel à l’échelle du pays débuteront le 22 février prochain, a confirmé Ottawa
C’est à compter du 22 février que les voyageurs de retour au Canada devront obligatoirement se placer en quarantaine, à leurs frais, dans un hôtel surveillé. Et c’est à compter de ce lundi que ceux qui rentrent au pays par voie terrestre devront présenter un test négatif à la COVID-19. Ottawa met donc en place les mesures promises il y a deux semaines juste à temps pour épingler ceux qui planifient encore une escapade pendant la relâche scolaire et les snowbirds qui entament leur migration printanière.
« On ne laissera pas des décisions irresponsables de quelques-uns mettre la vie de tous en danger », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau en point de presse. Les camionneurs ou encore les travailleurs essentiels seront exemptés. M. Trudeau a indiqué que d’autres exceptions « au cas pas cas » pourraient être permises. Les détails à ce sujet seront connus la semaine prochaine lors de la publication du décret.
Un lecteur a contacté Le Devoir pour relater qu’il travaille en Macédoine pour l’OTAN depuis 15 ans et que lui et son épouse seront de retour au pays le 15 mars, lorsque leur mandat prendra fin. « Nous ne comprenons pas pourquoi nous devrons payer 4000 $ pour avoir le droit de rentrer chez nous », écrit Jean Pelletier. Un tel cas ferait-il l’objet d’une exception ? Les ministres et fonctionnaires ont refusé de se prononcer. Les détails à ce sujet seront connus la semaine prochaine grâce à la publication du décret.
Depuis quelques jours déjà, tous les vols arrivant au pays doivent obligatoirement passer par l’un des quatre aéroports désignés, soit Vancouver, Calgary, Toronto et Montréal. C’est dans l’une de ces quatre villes que les voyageurs devront maintenant faire leur quarantaine de trois jours à l’hôtel, au coût de 2000 $, quelle que soit leur destination finale. Ce n’est qu’une fois ayant en poche un résultat négatif au test de dépistage qu’ils pourront prendre leur vol de connexion. Si leur test est positif, ils seront transférés dans un autre établissement de quarantaine et ils demeureront sous la surveillance de l’État.
Au total, donc, un voyageur arrivant au Canada par avion devra faire trois tests de dépistage à la COVID-19 : un premier avant de monter à bord de l’appareil, une seconde une fois à l’hôtel surveillé et un troisième au 10e jour de quarantaine, lorsqu’il sera de retour à la maison. Il est de la responsabilité du voyageur de réserver assez tôt sa place de quarantaine dans un des hôtels désignés par Ottawa.
Ottawa pense avoir besoin d’au moins 6000 chambres pour accueillir les voyageurs aériens. Le tarif sera encore probablement de 2000 $ par personne, mais il pourrait varier. Si un voyageur reçoit plus vite son résultat négatif et quitte avant le troisième jour, l’hôtel pourrait facturer le client moins cher.
« Les hôtels auront la flexibilité nécessaire pour ajuster la facturation selon ce qui leur apparaît approprié », a expliqué la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu. Mais elle a bien pris soin de rappeler que les établissements assumeront des frais importants pour assurer la sécurité des lieux et faire respecter les mesures sanitaires. Les fonctionnaires ont ajouté qu’Ottawa n’avait pas payé en amont les hôtels pour retenir leurs services. Bref, il est bien probable que les hôtels n’aient aucun incitatif à ajuster les tarifs à la baisse.
Quant aux Canadiens rentrant au pays par voie terrestre, notamment les snowbirds, ils devront avoir en leur possession un résultat négatif à un test de dépistage de la COVID-19 effectué au plus tard trois jours avant leur traversée de la frontière. Toutefois, en l’absence d’un tel test, un Canadien ne pourra pas être refoulé, pour la simple raison que le poste frontière des 117 points d’entrée au Canada est considéré comme étant en territoire canadien et qu’un Canadien ne peut être interdit de territoire. Il se verra remettre une amende pouvant atteindre 3000 $. À compter du 22 février, les voyageurs par voie terrestre devront en plus passer un autre test de dépistage à leur arrivée et recevront une trousse pour en effectuer un troisième vers la fin de leur quarantaine. Les détails seront précisés plus tard.
Plus de vaccins encore
Par ailleurs, M. Trudeau a indiqué avoir parlé au grand patron de la pharmaceutique Pfizer et que ce dernier lui a annoncé que les livraisons de vaccins seront effectuées plus vite que prévu. Ainsi, en plus des 4 millions de doses prévues d’ici la fin mars, 10,8 millions de doses seront livrées en avril, mai et juin. La balance de 25,2 millions de doses sera livrée d’ici septembre. « C’est pourquoi on peut dire avec tant de confiance que tout le monde qui voudra se faire vacciner ici au Canada le sera avant la fin de septembre », a répété M. Trudeau.
En plus, Ottawa a réservé 4 millions de doses supplémentaires auprès de Moderna. Au total, Ottawa prévoit donc de recevoir 84 millions de doses d’ici la fin septembre de la part de ces deux entreprises. Le plan initial en prévoyait 71 millions à cette date.