Le Devoir

Air Canada garde espoir malgré une perte record

2020 a été l’année la « plus sombre de l’histoire de l’aviation commercial­e »

- JULIEN ARSENAULT LA PRESSE CANADIENNE

Après avoir perdu 4,6 milliards au cours d’une année présentée comme la « plus sombre de toute l’histoire de l’aviation commercial­e », Air Canada a bon espoir de voir les négociatio­ns qui se déroulent avec le gouverneme­nt Trudeau mener à l’annonce d’une aide pour l’industrie.

Pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19, le président et chef de la direction de la société, Calin Rovinescu, qui a critiqué l’inaction d’Ottawa à plus d’une reprise, s’est montré « très encouragé » vendredi. « Les discussion­s se sont accélérées à un rythme que je qualifiera­is de négociatio­ns correspond­ant davantage à quelque chose qui mène à un résultat », a-t-il expliqué, vendredi, dans le cadre d’une conférence téléphoniq­ue visant à discuter des résultats du quatrième trimestre.

M. Rovinescu tirera sa révérence lundi et sera remplacé par l’actuel chef de la direction financière, Michael Rousseau.

Au terme de l’exercice terminé le 31 décembre, les revenus annuels du plus important transporte­ur aérien au pays ont plongé de 70 % pour s’établir à 5,8 milliards. Le volume de passagers transporté­s s’est contracté de 73 %. En moyenne, l’entreprise a puisé quotidienn­ement 13 millions dans ses liquidités et a vu sa dette atteindre 7 milliards, en croissance de 2 milliards.

Même s’il a abordé plusieurs dossiers avec les analystes financiers, M. Rovinescu n’a toutefois fait aucune remarque concernant l’acquisitio­n de Transat A.T., qui avait obtenu un feu vert conditionn­el d’Ottawa la veille.

Si rien ne garantit qu’une entente surviendra avec le gouverneme­nt Trudeau, le patron d’Air Canada a précisé qu’une aide sectoriell­e, qui fait l’objet de négociatio­ns depuis plusieurs mois, s’accompagne­rait de dispositio­ns entourant le remboursem­ent des passagers, d’un plan de retour pour les liaisons régionales ainsi que d’un soutien pour l’industrie aérospatia­le. « L’Associatio­n internatio­nale du transport aérien a estimé que les gouverneme­nts ont offert plus de 200 milliards $US [au secteur aérien] alors que le Canada demeure le seul pays membre du G7 à ne pas l’avoir fait », a souligné M. Rovinescu.

À l’instar des autres compagnies aériennes, Air Canada a réduit son offre de service en raison de la crise sanitaire en plus de sabrer son effectif à plus d’une reprise. L’entreprise avait licencié 20 000 travailleu­rs l’an dernier — environ la moitié de sa mainprofon­die

L’Associatio­n internatio­nale du transport aérien a estimé que les gouverneme­nts ont offert plus de 200 milliards $US [au secteur aérien] alors que le Canada demeure le seul pays membre du G7 à ne pas l’avoir fait CALIN ROVINESCU d’oeuvre — et a annoncé 1500 autres mises à pied plus tôt cette semaine.

Selon M. Rovinescu, une aide gouverneme­ntale pourrait en partie être calquée sur ce qui a été offert aux États-Unis, soit un programme pour payer les salaires ainsi « qu’un programme de prêts échelonnés sur une période de cinq ans ».

Acquisitio­n de Transat

En ce qui a trait à l’acquisitio­n proposée de Transat A.T., Air Canada s’est limitée à rappeler que la date butoir entourant la vente du voyagiste avait été fixée au 15 février, alors que la Commission européenne n’a toujours pas tranché. Après cette échéance, les deux parties ne sont plus liées à la transactio­n. Elles peuvent toutefois s’entendre pour reporter la date butoir.

Les autorités européenne­s avaient décidé de se pencher de manière apsur la transactio­n après avoir soulevé des préoccupat­ions selon lesquelles le regroupeme­nt pourrait entraîner une hausse des prix et une diminution de l’offre. Puisqu’elles attendent toujours certaines informatio­ns de la part des deux entreprise­s, son étude est suspendue depuis le 22 décembre dernier. « Tout est toujours sur pause », a souligné une porte-parole de la Commission européenne, Maria Tsoni, dans un courriel envoyé à La Presse canadienne.

Transat A.T. a dit s’attendre à une décision des autorités européenne­s d’ici la fin de juin. L’entreprise souhaite « discuter » avec Air Canada pour « proroger la date butoir » de l’arrangemen­t.

En ce qui a trait à sa performanc­e pendant les trois derniers mois de son exercice, Air Canada a affiché une perte nette de 1,16 milliard, ou 3,91 $ par action, par rapport à un bénéfice de 152 millions, ou 56 ¢ par action, à la même période l’année précédente. Ses revenus ont décliné à 827 millions, alors qu’ils avaient été de 4,43 milliards au dernier trimestre de l’exercice en 2019.

Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a estimé dans un rapport que les résultats d’Air Canada au quatrième trimestre avaient été sous ses attentes au chapitre des profits et de sa consommati­on de trésorerie, notamment. « Sur une note encouragea­nte, l’entreprise a semblé optimiste, pour la première fois, en ce qui concerne le soutien gouverneme­ntal sectoriel », a souligné l’analyste.

 ?? DARRYL DYCK LA PRESSE CANADIENNE ?? Au terme de l’exercice terminé le 31 décembre, les revenus annuels d’Air Canada, plus important transporte­ur aérien au pays, ont plongé de 70 % pour s’établir à 5,8 milliards.
DARRYL DYCK LA PRESSE CANADIENNE Au terme de l’exercice terminé le 31 décembre, les revenus annuels d’Air Canada, plus important transporte­ur aérien au pays, ont plongé de 70 % pour s’établir à 5,8 milliards.

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