Le Devoir

Partir en vacances à deux pâtés de maisons

- CHARLES-ÉDOUARD CARRIER Notre journalist­e était invité par le Ritz-Carlton.

Le concept de vacances sédentaire­s (staycation) suggère de prendre du bon temps à quelques pas de la maison au lieu de voyager à l’extérieur. Une façon de redécouvri­r sa ville qui est tout à fait d’actualité en cette période de grands bouleverse­ments. Tour d’horizon et récit d’un voyage tout près qui peut transporte­r bien plus loin.

Le taxi s’arrête devant la porte de l’appartemen­t du Plateau Mont-Royal. Manteaux chics, sacs de voyage en cuir et talons hauts, le couple qui monte à bord s’offre le grand jeu : « Ritz-Carlton, s’il vous plaît. » À peine dix minutes plus tard, le chauffeur arrête sa voiture Téo devant l’impression­nant hôtel cinq diamants de la rue Sherbrooke. Ce soir, ils font l’expérience de la formule staycation, un type de séjour hyper-local où l’on célèbre sa ville.

Les Montréalai­s ne comprennen­t peut-être pas que de grands hôtels comme le Ritz-Carlton, ouvert en 1912, sont de véritables parenthèse­s dans le temps, accessible­s à quelques minutes de la maison.

« Pour nous, le luxe, c’est d’accueillir tous nos clients avec une générosité authentiqu­e, leur offrir les meilleurs services, les connaître par leur nom » « La crise nous a apporté un retour aux racines et notre sentiment de montréalit­é doit être exprimé »

« Nous offrons le staycation depuis le mois d’août, soit depuis la réouvertur­e, afin d’offrir une expérience adaptée à une clientèle catégoriqu­ement plus locale qu’avant la pandémie, explique François Parmentier du Ritz-Carlton. Nous sommes passés d’une approche internatio­nale et nord-américaine à une approche purement canado-québécoise. »

S’offrir l’expérience du grand luxe

Dans la chambre avec foyer soigneusem­ent préparée, une enveloppe attend le couple. Un simple mot de bienvenue personnali­sé. Les amoureux se délecteron­t d’un somptueux repas signé Maison Boulud livré en trois services à la chambre. Sur une trame sonore où cohabitent Frank Sinatra, Louis Amstrong, Rosemary Clooney et Ella Fitzgerald, ils referont le monde, un sourire à la fois, en ayant presque l’impression d’être attablés au restaurant.

Au réveil le lendemain, vêtus d’épais peignoirs griffés, les voyageurs dégustent café et croissant adossés au large rebord de la fenêtre, se perdant dans le décor d’une ville qui pourrait être New York, Londres ou Paris. Ici, comme dans bien d’autres hôtels du centre-ville, on accueille donc des Montréalai­s ou des Québécois des environs de Montréal qui s’offrent une expérience hors du commun pour briser la routine. « Ils ont toujours voulu faire l’expérience du Ritz-Carlton sans jamais en avoir eu l’occasion. Ils profitent de cette offre adaptée et viennent ici en couple ou en famille pour changer de décor et vivre des moments exceptionn­els. »

L’attention est dans les détails pour ces hôtels chics et luxueux qui pourraient malgré tout sembler inabordabl­es pour bien des Montréalai­s. « Nous essayons de personnali­ser l’expérience pour faire vivre des moments uniques à chacun de nos invités. Pour nous, le luxe, c’est d’accueillir tous nos clients avec une générosité authentiqu­e, leur offrir les meilleurs services, les connaître par leur nom. Si les clients quittent notre établissem­ent avec le sentiment d’avoir vécu un séjour unique et mémorable, nous avons réussi notre pari », assure François Parmentier.

Grands déploiemen­ts à petite échelle

Si les hôteliers multiplien­t les efforts pour attirer une clientèle locale et pallier le manque de voyageurs nationaux et internatio­naux, l’équipe de Tourisme Montréal s’est elle aussi ajustée à la nouvelle réalité. Habituée à déployer des efforts sur les territoire­s étrangers pour vanter les attraits de Montréal, l’organisati­on s’est vue forcée par la pandémie à revoir sa stratégie. « On a beaucoup appris des derniers mois. On essaie de maintenant voir notre site Web comme une plateforme touristiqu­e par les Montréalai­s, pour les Montréalai­s », explique Manuela Goya, vice-présidente au développem­ent de la destinatio­n et des affaires publiques chez Tourisme Montréal, qui voit dans les séjours hyperlocau­x une occasion intéressan­te pour les hôtels de la métropole. Pour Tourisme Montréal, la formule de séjours organisés à l’échelle locale, comme c’est le cas avec le

staycation, s’inscrit dans le développem­ent d’une stratégie durable, d’autant plus qu’un virage vers les Montréalai­s avait été amorcé avant la pandémie : « On voulait se rapprocher des Montréalai­s, faire le pari d’une approche plus globale où ils sont plus impliqués et prennent part à aux stratégies touristiqu­es que l’on déploie, souligne Manuela Goya. La crise nous a apporté un retour aux racines et notre sentiment de montréalit­é doit être exprimé. L’aprèsCOVID fera en sorte que nous aurons davantage interagi avec notre voisinage, notre quartier, notre ville. »

De retour dans le hall de l’hôtel, le couple attend le taxi qui les ramènera à la maison. Il lui tient la main devant un portrait d’Audrey Hepburn réalisé par Russel Young avec de la poussière de diamants. Elle et lui se feront la promesse de revenir visiter pour un jour et une nuit La Grande Dame, comme jadis on surnommait ce majestueux hôtel de Montréal. Et Frank Sinatra chante en boucle « Fly me to the moon… »

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1. PLAISIRS NUMÉRIQUES À L’HÔTEL W MONTRÉAL © HÔTEL LE W MONTREAL
 ??  ?? 2. REPAS EN CHAMBRE AU RITZ-CARLTON DE MONTRÉAL © RITZ-CARLTON | 3. L’HÔTEL NELLIGAN, AU COEUR DU VIEUX-MONTRÉAL, © HOTEL NELLIGAN
2. REPAS EN CHAMBRE AU RITZ-CARLTON DE MONTRÉAL © RITZ-CARLTON | 3. L’HÔTEL NELLIGAN, AU COEUR DU VIEUX-MONTRÉAL, © HOTEL NELLIGAN
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