Le péril bleu
Zoom sur une crise migratoire qui refuse de s’essouffler sur la Méditerranée
Sur l’Ocean Viking, le cargo humanitaire de SOS Méditerranée et de Médecins sans frontières, les marins sont embarqués dans un épuisant bras de fer avec la mer. Entre la Libye et la Sicile, on estime que plus de 16 000 migrants ont disparu dans ce cimetière marin en six ans. À la tête des secouristes, Tanguy confirme avoir vu plus que son lot de morts et d’abîmés depuis qu’il est à bord. Mais il confie aussi avoir été témoin de la résurrection d’une petite dizaine d’enfants et, surtout, du sauvetage de centaines d’autres.
Ce documentaire, au demeurant très dur, met l’accent sur l’extrême dénuement dans lequel sont plongés les réfugiés qui transitent par la Libye pour rejoindre l’Europe. Déchiré par la guerre, le pays n’a rien à offrir à ces derniers qui y sont régulièrement enlevés, violentés et enfermés. L’équipe nous amène jusque dans le secret de ses camps qui s’avèrent surpeuplés, insalubres et gangrenés. Là-bas, confiera une rescapée, « tu es obligée de ne pas te laver, parce que quand tu pues, ça te protège [du viol] ».
Traversé de moments de grâce et de franche camaraderie, ce documentaire (tourné juste avant la pandémie) refuse de faire l’impasse sur le pire. La lâcheté des pays européens, la violence des autorités libyennes, l’inhumanité des passeurs clandestins : rien n’échappe aux réalisateurs Étienne Huver et Jean-Baptiste Renaud, qui brossent le portrait enrageant d’une situation maintes fois dénoncée . Tanguy, lui, a choisi son camp. « On n’est pas là pour prendre le parti des uns ou des autres. On est là parce qu’il y a des gens qui meurent en mer. »
Méditerranée, cimetière des réfugiés
TV5, le mercredi 17 février, 20 h