FAIRE ACTE DE FOI, L’ÉDITORIAL DE MARIE-ANDRÉE CHOUINARD
En matière de relâche scolaire, l’Ontario a choisi la voie de la prudence extrême, en reportant d’un mois cette pause printanière, au nom de la « sécurité » de la population, compte tenu de la présence embarrassante des variants dans le paysage pandémique. Le Québec, lui, opte pour la stratégie de la confiance extrême : il remet littéralement aux citoyens du Québec les rênes de la suite des choses, en permettant des allègements contrôlés dans un contexte où l’instabilité est pourtant encore reine.
L’équilibre. Le délicat équilibre. Le périlleux équilibre. Entre le fait d’offrir aux Québécois quelques permissions spéciales après onze mois d’interdictions, ne serait-ce qu’au nom de la santé mentale ; et le fait d’accepter un risque bien réel, celui de voir des cas d’infection, des hospitalisations et des décès remonter en flèche alors qu’ils ne cessent de décroître. La période du temps des Fêtes n’a pas joué en faveur de la stratégie de la confiance. Le premier ministre François Legault fait donc acte de foi, il faut le dire, en espérant que les règles énoncées hier, et qui pointent vers le maintien des bulles familiales, seront bel et bien respectées. C’est un pari qui comporte ses risques, mais une relâche scolaire écoulée sous le joug des interdits aurait peut-être provoqué d’autres types de débordements. La stratégie de la CAQ est compréhensible.
L’adhésion aux consignes est donc la clé de tout dans ce nouvel amalgame présenté aux familles pour une relâche nouveau genre, formule COVID. Cette semaine de mars, disons-le, pourrait en effet se transformer en véritable cauchemar pour des parents qui n’auraient accès à rien d’autre qu’aux jeux de société ou au refuge abrutissant des écrans — ajoutez un peu de pluie verglaçante à tout cela pour ruiner le décor extérieur et ça y est, on nage en pleine catastrophe.
Le choix judicieux d’« activités à moindre risque », comme le dit le Dr Horacio Arruda, permet un compromis intéressant : patiner ou nager en famille peut faire du bien à l’âme, et avec les musées et les bibliothèques, si une virée au cinéma s’ajoute à l’agenda de la semaine, ce sera bienvenu. Le gouvernement s’en remet aux traditionnelles soupapes de contrôle — le couvre-feu est maintenu et les contrôles policiers avec amendes de 1500 $ aussi — pour espérer juguler les possibles emportements.
Des experts ont même milité pour encore plus d’activités permises, dans des limites qui permettent de contrôler le risque : en petits groupes, avec le masque, à l’extérieur. Ils affirment que plus les jeunes et leurs parents seront occupés là où ils le peuvent, meilleures seront les chances d’éviter ce qui s’apparenterait au pire, si les familles et les amis recommencent tout de suite à se fréquenter. C’est une logique implacable. L’ombre des variants ultra-contagieux plane sur ce plan, il faut bien en convenir, mais les espoirs — contrôlés — sont permis…