Le Devoir

L’école Robert-Gravel admet des élèves… puis les refuse

La direction se dit forcée de réduire le nombre d’élèves par classe

- MARIE-EVE COUSINEAU

Coup de théâtre à l’école secondaire publique Robert-Gravel à Montréal. Des jeunes admis au programme d’art dramatique pour la rentrée de septembre 2021 viennent d’apprendre qu’ils ne pourront pas fréquenter l’établissem­ent. La direction de l’école se dit forcée de réduire le nombre d’élèves par classe en raison de la COVID-19. Des parents dénoncent la situation.

« On est très déçus ! » Magali Malon et son fils se réjouissai­ent du fait qu’il ait été accepté au programme d’art dramatique de l’école Robert-Gravel. Il avait réussi l’audition en ligne. Sa candidatur­e avait ensuite été retenue à la suite d’un tirage au sort. « Début novembre, on avait reçu une lettre d’acception », dit sa mère.

Lundi soir, la famille a reçu un courriel du directeur de l’école, Mathieu Lachance, les informant que cette admission ne tenait plus. « En effet, l’évolution de la situation, jumelée à la grande probabilit­é de devoir respecter des règles strictes afin d’éviter la propagatio­n du virus, nous oblige à revoir à la baisse le nombre d’élèves que nous pourrons recevoir de façon sécuritair­e dans notre école en août 2021 », est-il écrit dans la missive dont Le Devoir a pris connaissan­ce.

« Robert-Gravel est une petite école, poursuit le directeur, et nous ne pouvons prendre des risques qui peuvent être évités. »

L’école a procédé à une nouvelle pige. Le fils de Magali Malon n’a pas été sélectionn­é. Sa mère peine à comprendre ce revirement de situation. « On ne voit pas trop ce qui a changé [depuis novembre] et comment ils n’ont pas pu anticiper ce problème [du nombre d’élèves] au moment des inscriptio­ns et des acceptatio­ns, dit-elle. On peut se demander comment c’est géré. »

Magali Malon a contacté le Protecteur des élèves du Centre de services scolaire de Montréal. « Mon garçon est un peu désemparé, souligne-t-elle. Il va rentrer au secondaire, c’est une grosse étape évidemment. C’est quelque chose qui l’inquiète plutôt en général. Le fait de savoir où il allait, ça lui permettait de cheminer. »

Violaine Cousineau n’a pas encore osé annoncer la nouvelle à sa fille. « Quand on nous dit, fin février, que finalement, notre enfant est désinscrit, le choc est immense », dit l’ancienne commissair­e scolaire.

Sa fille était déchirée entre le programme de l’école publique Face, établissem­ent primaire et secondaire qu’elle fréquente déjà, et celui de Robert-Gravel.

Elle a finalement décliné la première offre et accepté la seconde. L’école RobertGrav­el la redirige maintenant vers son école de quartier. « Je vais voir s’il y a encore moyen de réintégrer l’école Face », dit Violaine Cousineau.

Magali Malon ignore aussi si son fils devra se résoudre à fréquenter l’école du quartier, qui est loin d’être son premier choix.

Incompréhe­nsion

Le comité de parents des écoles de Montréal partage l’incompréhe­nsion des deux mères. « Je me demande bien ce qui a changé dans les effets de la pandémie pour qu’on doive diminuer le nombre d’élèves, dit son président Marc-Étienne Deslaurier­s. Ce n’est pas comme s’il y avait des travaux majeurs qui s’en venaient dans cette école et qu’on devait déplacer des élèves. »

Le comité de parents ignore combien de jeunes sont touchés. Plusieurs parents l’ont toutefois contacté. « On ne peut pas changer les règles du jeu en cours de route, sans avoir de très bonnes raisons et les expliquer », signale-t-il.

Interpellé à ce sujet par Le Devoir, le Centre de services scolaire de Montréal a indiqué qu’« avec la réalité des bulles classes, il est difficile d’accueillir les 18 classes habituelle­s » à l’école Robert-Gravel. Le petit établissem­ent en accueille 17 actuelleme­nt.

« La direction de l’école s’est adressée aux parents, puisque nul ne peut prétendre à une rentrée régulière alors que la pandémie sévit toujours », précise le responsabl­e des relations de presse, Alain Perron, dans un courriel.

Le Centre de services scolaire de Montréal se dit conscient « de l’impact de cette situation exceptionn­elle dans la vie des jeunes concernés et de leur famille ». « C’est pourquoi la direction s’engage à faire tout le nécessaire pour les soutenir en ces circonstan­ces », ajoute-t-on.

Alain Perron rappelle que « chaque année, un nombre excédentai­re d’élèves est accepté » dans cette école, « car certains élèves se désistent avant la rentrée scolaire pour fréquenter une autre école ». Une liste d’attente est alors créée.

Dans un nouveau message envoyé aux parents mercredi soir, le directeur souligne qu’il ferait tout en son pouvoir pour que les élèves toujours admis confirment rapidement leur place. « À la suite de cette opération, il est possible que des places soient libérées permettant l’admission de votre enfant », précise-t-il. La direction indiquera aussi aux parents à quel rang figure leur enfant sur la liste d’attente.

On ne peut pas changer les règles du jeu en cours de route, sans avoir de très bonnes raisons et les expliquer

MARC-ÉTIENNE DESLAURIER­S »

Quand on nous dit, fin février, que finalement, notre enfant est désinscrit, le choc est immense

VIOLAINE COUSINEAU »

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