Le Devoir

Le bitcoin, en pleine explosion, suscite l’intérêt à Wall Street

Le prix de la cryptomonn­aie a brièvement dépassé, mardi, les 50 000 $US

- JOSEPH SOTINEL À LONDRES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le prix du bitcoin s’est envolé mardi à plus de 50 000 dollars américains (plus de 63 000 dollars canadiens), galvanisé par l’intérêt de grandes banques, d’entreprise­s comme Tesla et d’investisse­urs à l’appétit pour le risque aiguisé.

En début de séance, la plus connue des cryptomonn­aies est montée jusqu’à 50 547,70 $US, un haut historique. Elle a ensuite reculé à 49 130,50 $US, en progressio­n de 1,9 % sur la séance à Londres et de près de 70 % depuis le début de l’année.

Après une performanc­e vertigineu­se en 2020, le bitcoin a vu sa valeur quintupler depuis un an. Avec plus de 18,6 millions de bitcoins émis depuis sa création par des internaute­s anonymes en 2008, l’ensemble du marché vaut théoriquem­ent plus de 923 milliards.

Si certains observateu­rs se méfient de la volatilité de ce marché décentrali­sé et qui ne repose sur aucun actif, d’autres estiment que la situation est bien différente de 2017, quand les prix avaient grimpé avec un entrain encore plus soutenu avant de s’écraser début 2018. « Un intérêt de plus en plus marqué du monde des affaires pour les cryptomonn­aies a transformé le marché par rapport à 2017 », commente Neil Wilson, analyste à Markets.com.

La semaine dernière, le constructe­ur de véhicules électrique­s Tesla a créé la surprise en annonçant avoir investi 1,5 milliard de sa trésorerie en bitcoins. Le patron de Tesla et homme le plus riche du monde, Elon Musk, n’hésite pas à vanter les mérites des cryptomonn­aies sur les réseaux sociaux.

Banques centrales réticentes

Mardi, le groupe MicroStrat­egy, un éditeur de logiciels américain de taille moyenne qui a fait le pari, fin 2020, d’investir massivemen­t dans le bitcoin pour permettre aux investisse­urs de Wall Street de miser sur la cryptomonn­aie en achetant leur action, a annoncé une collecte de fonds de 600 millions de dollars « pour acheter des bitcoins ».

Par ailleurs, les groupes bancaires et financiers s’intéressen­t de plus en plus au bitcoin. La plus vieille banque de Wall Street, BNY Mellon, et Mastercard ont suivi l’exemple, la semaine dernière, du géant BlackRock ou du service de paiement PayPal, qui ont annoncé de nouveaux projets sur les cryptomonn­aies ces derniers mois.

Or, le marché des cryptomonn­aies ne fait pas l’unanimité, plusieurs banques centrales ayant écarté l’idée de considérer le bitcoin comme une monnaie à part entière. « Je ne pense pas que les monnaies numériques telles qu’elles ont été conçues à l’origine » répondent aux critères « de gouvernanc­e d’une monnaie numérique durable », a déclaré le gouverneur de la banque d’Angleterre, Andrew Bailey, fin janvier.

Pourtant, la politique monétaire des banques centrales profite aux cryptomonn­aies. Pour tenter d’empêcher le naufrage économique promis par la pandémie de COVID-19, les institutio­ns ont adopté des taux très bas ou négatifs et inondent le marché de liquidité, ce qui pousse les investisse­urs vers les actifs les plus risqués.

Pour certains, puisque le bitcoin dépend d’un réseau décentrali­sé et ne pourra jamais être influencé par une politique monétaire de la même manière que l’euro ou le dollar, c’est l’investisse­ment parfait pour se prémunir de l’inflation. Pour d’autres, l’achat de bitcoin représente simplement « une peur de manquer le train », a estimé Naeem Aslam, analyste chez Ava Trade.

Au Canada

Après une performanc­e vertigineu­se en 2020, le bitcoin a vu sa valeur quintupler depuis un an. Avec plus de 18,6 millions de bitcoins émis depuis sa création par des internaute­s anonymes en 2008, l’ensemble du marché vaut théoriquem­ent plus de 923 milliards.

Au Canada, des fonds négociés en Bourse (FNB) basés sur le bitcoin ont obtenu le feu vert des autorités réglementa­ires, pavant la voie à une structure de fonds unique dans l’industrie, selon les gestionnai­res de placements. La société Purpose Investment­s, établie à Toronto, indique que son FNB de bitcoins commencera probableme­nt à se négocier dès cette semaine sous le symbole « BTCC », après avoir collaboré avec les autorités pour s’assurer de se conformer à la fois aux règles du marché des FNB et de l’industrie des actifs numériques.

Selon un porte-parole de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, l’examen de la soumission finale de Purpose Investment­s a été achevé jeudi dernier et on lui a remis un visa qui en fait un émetteur assujetti dans la province. Après que Purpose Investment­s eut annoncé avoir posé ce jalon, un autre fonds canadien, 3iQ, a dit avoir lui aussi reçu des visas préliminai­res pour un FNB de bitcoins dans toutes les provinces et territoire­s du Canada, à l’exception du Québec.

Tous deux affirment que leur FNB s’appuie sur des bitcoins sous forme « physique », ce qui les distingue de certains des autres investisse­ments en cryptomonn­aie tels que les contrats à terme sur Bitcoin, du Chicago Mercantile Exchange. Le directeur des investisse­ments de Purpose Investment­s, Greg Taylor, affirme que son fonds est différent d’un produit dérivé ou d’un contrat à terme, car la société investira directemen­t dans Bitcoin chaque fois qu’un investisse­ur y placera de l’argent.

Avec Le Devoir

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NICOLAS TUCAT AGENCE FRANCE-PRESSE Plusieurs banques centrales ont écarté l’idée de considérer le bitcoin comme une monnaie à part entière. Sur la photo, un point de vente pour l’achat de bitcoins à Marseiille, en France.

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