Pierre Karl Péladeau veut négocier avec la direction de Transat
Le mariage entre le voyagiste québécois et Air Canada semble de plus en plus incertain
Alors que le mariage entre Transat A.T. et Air Canada semble de plus en plus incertain, Pierre Karl Péladeau réitère son intérêt à l’endroit du voyagiste et souhaite voir ses dirigeants négocier avec lui.
Étant donné que le plus important transporteur aérien au pays a refusé de proroger la date butoir du 15 février visant à conclure la transaction — qui a obtenu un feu vert conditionnel d’Ottawa, mais qui attend toujours l’approbation de la Commission européenne — les deux parties peuvent désormais mettre fin à l’entente à tout moment. Cellesci négocient toutefois des « modifications potentielles » à leur arrangement.
Il existe ainsi une occasion pour la société mère d’Air Transat de renoncer à son alliance avec Air Canada pour « entamer des négociations avec un nouvel acquéreur », a fait valoir M. Péladeau, dans un communiqué diffusé en fin d’après-midi, mardi. « Je souhaite entreprendre des discussions avec la direction de Transat afin de permettre à l’entreprise québécoise de sortir du grave état d’incertitude dans lequel elle est plongée depuis trop longtemps et qui met en péril sa pérennité », a-t-il expliqué.
Le mois dernier, Transat A.T. avait dévoilé avoir reçu, en décembre, une proposition émanant de MTRHP, la société de gestion de l’homme d’affaires. Elle n’avait toutefois pas été jugée supérieure à l’offre d’Air Canada. En évoquant des clauses de confidentialité auxquelles il est assujetti, l’actionnaire de contrôle de Québecor a souligné que, juridiquement, il ne pouvait « commenter la situation autrement » qu’en réitérant son intérêt à acquérir le voyagiste.
Peu de détails
Mardi, Transat A.T. et Air Canada n’ont pas voulu dévoiler les modalités de leur entente qui faisaient l’objet de pourparlers. L’arrangement actuel permet à Air Canada d’avoir son mot à dire si le voyagiste désire, par exemple, chercher à obtenir du financement. « À l’heure actuelle, il est difficile d’évaluer l’engagement à l’endroit de la transaction proposée puisque les conditions de marché se sont détériorées au cours des derniers mois », a souligné l’analyste Benoît Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, dans une note envoyée à ses clients.
À la Bourse de Toronto, la tournure des événements a fait piquer du nez l’action de la société mère d’Air Transat,
Transat et Air Canada peuvent désormais mettre fin à l’entente à tout moment
qui a clôturé à 4,85 $, en baisse de 41 cents, ou 7,8 %. L’action d’Air Canada a pris 4,9 %, ou 1,09 $, pour clôturer à 23,42 $.
Air Canada n’a pas expliqué les raisons ayant motivé son refus de repousser la date butoir. « L’accord reste en vigueur à moins qu’une des parties ne procède à sa résiliation, a indiqué sa porte-parole Pascal Déry, dans un courriel. Nous n’avons aucun fait nouveau à communiquer. »
Parallèlement à l’intérêt de M. Péladeau, d’autres prétendants pourraient également se manifester, selon l’analyste de Desjardins. « [Le fonds d’investissement] Onex (propriétaire de WestJet) pourrait être un autre candidat, a souligné M. Poirier. Un tel accord prendrait du temps à être finalisé, même s’il y aurait moins d’obstacles en matière de concurrence, à notre avis. »
La décision d’Air Canada de ne pas proroger la date butoir a été prise dans un contexte où les mesures entourant les voyages internationaux ont été resserrées à plusieurs reprises en raison de la pandémie de COVID19. Les compagnies aériennes ont récemment accepté de cesser d’offrir des vols vers les destinations soleil jusqu’au 30 avril. « Si la transaction avorte, il est évident que Transat A.T. ne pourra pas poursuivre ses activités, c’est une certitude pour moi, a estimé le directeur du groupe d’études en management des entreprises en aéronautique à l’UQAM, Mehran Ebrahimi, au cours d’un entretien téléphonique.
En donnant son feu vert à la prise de contrôle de Transat A.T. la semaine dernière, le gouvernement Trudeau avait imposé une série de conditions à Air Canada. De son côté, la Commission européenne, qui attend des informations de la part des deux parties, a suspendu son évaluation le 22 décembre dernier. Transat A.T. anticipe une décision d’ici la fin juin.