Le Devoir

La pandémie fait fondre les profits d’Hydro-Québec

- JULIEN ARSENAULT

Après avoir vu ses profits fondre de 21 % — ou 620 millions — en raison de la pandémie de COVID-19 en 2020, Hydro-Québec s’attend à voir son bénéfice repartir à la hausse cette année, et ce, même s’il faudra encore un certain temps avant de renouer avec la situation qui prévalait avant la crise sanitaire.

Combiné à des températur­es moins basses qu’en 2019, le ralentisse­ment économique survenu au cours du dernier exercice a fait reculer le bénéfice net de la société d’État à 2,3 milliards. Le dividende versé dans les coffres de l’État fléchira ainsi de 22,4 % pour s’établir à 1,7 milliard.

Néanmoins, la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, a dit s’attendre, mercredi, à ce que le portrait s’améliore en 2021. « Quand je regarde pour cette année une remontée d’environ 400 millions [du bénéfice net], on peut penser que l’on va retomber, si la vaccinatio­n se déroule dans les délais que l’on voit, sur nos pattes à la fin de la prochaine année », a-t-elle expliqué au cours d’une conférence téléphoniq­ue.

Selon la direction de la société d’État, cette progressio­n devrait être largement attribuabl­e à deux éléments : une augmentati­on du volume de ventes d’électricit­é de l’ordre de cinq térawatthe­ures (TWh) dans le marché québécois ainsi que des économies réalisées grâce à un refinancem­ent d’une partie de la dette à des taux plus avantageux — ce qui a permis d’économiser environ 100 millions l’an dernier. « Probableme­nt que sur la fin 2022, on va avoir un retour à ce qui [prévalait avant la pandémie] », a dit Mme Brochu.

Mauvaises créances

Les effets de la crise sanitaire ont été nombreux chez Hydro-Québec, qui a inscrit une provision de 157 millions — du jamais vu — afin de pallier les mauvaises créances de ses clients qui se trouvent dans une situation financière précaire. Bon an mal an, environ 90 millions sont mis de côté. « Vous posez une bonne question », a répondu Mme Brochu, lorsqu’il lui a été demandé si Hydro-Québec s’attendait à récupérer les sommes en souffrance. À la fin décembre, des ententes de recouvreme­nt avaient été conclues avec 154 000 clients résidentie­ls et 8000 dans le secteur commercial et industriel.

Il y a toujours un moratoire en cours sur les interrupti­ons de service.

L’an dernier, Hydro-Québec a vu ses ventes nettes fléchir de 146 millions dans le marché québécois et de 116 millions du côté des exportatio­ns. La société d’État a également évoqué d’« autres facteurs » totalisant 358 millions — qui tiennent compte d’un impact de 173 millions lié aux régimes de retraite — pour expliquer le recul de sa rentabilit­é.

Au Québec, la consommati­on d’électricit­é a fléchi de 4 % en raison de l’imposition des mesures sanitaires. Exprimées en volume, les ventes ont été de 171,4 térawatthe­ures (TWh), en recul de 3,2 TWh par rapport à 2019. La hausse de consommati­on de 4 % observée du côté de la clientèle résidentie­lle n’a pas été suffisante pour contrebala­ncer le recul de 7 % observé dans le secteur commercial et industriel.

Sur les marchés extérieurs, le volume d’exportatio­ns nettes a fléchi de 2,4 TWh, à 31,3 TWh, ce qui s’est traduit par un effet négatif estimé à 70 millions. L’incidence de la détériorat­ion des conditions de marché a été chiffrée à 46 millions $ par la société d’État. Elle a expliqué que les prix s’étaient détériorés d’environ 25 %. Avec ses stratégies de couverture, HydroQuébe­c a obtenu en moyenne 4,2 ¢ du kilowatthe­ure à l’exportatio­n en 2020, par rapport à 4,3 ¢ l’année précédente.

Si le volume d’exportatio­ns nettes a fléchi en 2020, la société d’État a fait valoir qu’il se situait au-dessus de la barre des 30 TWh pour une cinquième année consécutiv­e. Les exportatio­ns représenta­ient 23 % du bénéfice net.

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