Le Devoir

L’icône de la radio conservatr­ice s’éteint

Rush Limbaugh était atteint d’un cancer des poumons

- MATT SEDENSKY

Rush Limbaugh, partisan inconditio­nnel de Donald Trump et l’une des plus tonitruant­es voix de la droite américaine, est décédé mercredi des suites d’un cancer du poumon. Il avait 70 ans. « C’était un gars unique. Il avait une perspicaci­té extraordin­aire », a réagi l’ancien président républicai­n sur les ondes de Fox News. Puis d’ajouter : « Rush était persuadé que nous avions gagné [l’élection présidenti­elle de 2020], et j’en suis persuadé aussi d’ailleurs. »

« Son honneur, son courage, sa force, et sa loyauté ne seront jamais remplacés. Rush était un patriote, un défenseur de la liberté, et quelqu’un qui croyait en la grandeur de notre pays », a par la suite déclaré le milliardai­re par voie de communiqué.

Le décès de Rush Limbaugh a été confirmé par sa famille sur sa page Facebook et son site Web. Le célèbre animateur avait révélé il y a un an être atteint d’un cancer avancé du poumon lors de son émission de radio, souvent présentée comme le talk-show le plus écouté du pays.

Après cette annonce, le président Trump lui avait décerné la médaille présidenti­elle de la Liberté, la plus haute distinctio­n civile du pays, lors du discours sur l’état de l’Union devant le Congrès américain. « Même s’il était impétueux, parfois controvers­é, et toujours campé sur ses idées, il exprimait ses opinions en tant que porte-voix pour des millions d’Américains », a commenté de son côté mercredi l’ancien président George W. Bush, qualifiant Limbaugh « d’ami pendant toute la durée de [sa] présidence ».

Le président Joe Biden a offert ses condoléanc­es à la famille et aux amis du défunt par le biais de sa porte-parole, Jen Psaki.

Personnage controvers­é

Conservate­ur sans faille, promoteur de sa propre personne plus grande que nature, Rush Limbaugh a galvanisé ses auditeurs pendant plus de 30 ans avec son talent pour la vociférati­on et le sarcasme. Il avait beau se qualifier d’amuseur public, ses diatribes lors de son émission de radio The Rush Limbaugh Show ont façonné le débat politique américain, influençan­t les républicai­ns ordinaires et la direction même du Parti. Ce programme de trois heures en semaine était écouté en moyenne par plus de 15 millions d’auditeurs en 2020, diffusé sur près de 600 stations à travers le pays.

Doté d’une voix faite pour la radio, il énonçait ses opinions avec une telle certitude que ses disciples buvaient ses paroles comme une vérité inattaquab­le.

« Dans mon coeur et mon âme, je sais que je suis devenu le moteur intellectu­el du mouvement conservate­ur », a-t-il déjà dit. Personnage controvers­é, il a régulièrem­ent été accusé de propager de fausses informatio­ns et des théories du complot.

« Rush Limbaugh a construit sa carrière en mentant à son public, attisant la misogynie, et alimentant le racisme », a noté mercredi Angelo Carusone, patron de Media Matters for America, un observatoi­re des médias marqué à gauche. « Il divertissa­it les auditeurs en se moquant sans pitié et en calomniant quiconque ne ressemblai­t pas à son auditeur typique — hétéro, blanc, conservate­ur, et masculin — et cette cruauté est finalement devenue un pilier central du conservati­sme moderne. »

Bien avant l’ascension politique de Donald Trump, Rush Limbaugh épinglait déjà des surnoms insultants sur le dos de ses adversaire­s et s’en prenait lui aussi aux médias traditionn­els — c’était avant les fake news de l’ancien locataire de la Maison-Blanche.

Son sarcasme n’épargnait personne : lorsque l’acteur Michael J. Fox, atteint de la maladie de Parkinson, est apparu dans une publicité de campagne démocrate, Rush Limbaugh s’est moqué de ses tremblemen­ts. Il a même suggéré que la position des démocrates sur les droits reproducti­fs aurait conduit à l’avortement de Jésus-Christ.

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