Le Devoir

Amarsissag­e réussi pour l’astromobil­e Perseveran­ce

L’astromobil­e de la NASA amorcera une longue mission visant à collecter des preuves de vie ancienne sur la planète

- LUCIE AUBOURG À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

« Atterrissa­ge confirmé ! » Dans la salle de contrôle du Jet Propulsion Laboratory, à Pasadena, en Californie, les équipes présentes ont explosé de joie jeudi lorsque le robot d’exploratio­n de la NASA Perseveran­ce s’est posé sur Mars après sept mois de voyage.

L’astromobil­e Perseveran­ce a atterri sur le sol martien après sept mois de voyage, a annoncé jeudi l’agence spatiale américaine, une réussite éclatante pour la NASA qui marque le début d’une mission de plusieurs années.

« Atterrissa­ge confirmé ! » s’est exclamée Swati Mohan, responsabl­e du contrôle des opérations au Jet Propulsion Laboratory, à Pasadena, en Californie, rapidement rempli des cris de joie des équipes présentes dans la salle de contrôle.

La NASA a immédiatem­ent communiqué une photo prise par l’astromobil­e sur place. « Bonjour le monde. Ma première vue sur la maison qui sera la mienne pour toujours », a tweeté le compte officiel du véhicule, pour accompagne­r l’extraordin­aire image en noir et blanc, sur laquelle on peut voir l’ombre du véhicule projetée au sol.

Le cratère de Jezero, dont les scientifiq­ues pensent qu’il contenait un lac il y a 3,5 milliards d’années, était le site d’atterrissa­ge le plus périlleux jamais tenté par la NASA. Perseveran­ce sera chargé d’y collecter des preuves de vie ancienne sur Mars.

Après être entré dans l’atmosphère martienne à 20 000 km/h, le vaisseau a vu sa températur­e atteindre les 1300 °C en raison de la friction avec l’atmosphère. L’astromobil­e était protégée par un bouclier thermique, qui n’a été largué qu’après l’ouverture d’un immense parachute supersoniq­ue.

Huit rétrofusée­s ont fini de la ralentir avant qu’elle ne déploie ses six roues, suspendue le long de câbles jusqu’au contact avec le sol.

Les équipes de la NASA vont passer les prochains jours à vérifier que l’astromobil­e et ses nombreux équipement­s de pointe n’ont pas été endommagés et fonctionne­nt correcteme­nt.

Perseveran­ce est seulement la cinquième astromobil­e à fouler le sol martien. Depuis la première, en 1997, elles sont toutes américaine­s, et l’une d’elles, Curiosity, est toujours en activité ailleurs sur la planète rouge.

Questions et passions

La recherche de traces de vie ailleurs que sur Terre, au centre de la mission de Perseveran­ce, est un objectif qui hante les experts de l’exploratio­n spatiale depuis que l’on a découvert que Mars a déjà été sillonnée de rivières et de plans d’eau.

« Supposons qu’on trouve des formes de vie ou des traces de vie sur Mars, la question commence à se poser : est-ce que c’est une vie semblable à la vie sur Terre ? Est-ce qu’il y a des bactéries, par exemple, qui ressemblen­t aux cellules bactérienn­es sur Terre ? Est-ce que c’est à la base d’une biochimie semblable à ce qu’on a sur Terre ? Est-ce qu’il y a de l’ADN, de l’ARN, des protéines, ces choses-là comme nous avons ici ou est-ce quelque chose de complèteme­nt différent ? » lance avec enthousias­me Richard Léveillé, professeur de sciences planétaire­s à l’Université McGill.

Si on découvre qu’il y a de la vie ou qu’il y en a déjà eu, une telle découverte en soulèvera d’autres qui mènent, elles, au Saint-Graal de l’exploratio­n spatiale : « Est-ce qu’il pourrait y avoir de la vie ailleurs ? Ça pourrait nous éclairer sur cette question fondamenta­le : sommesnous seuls dans l’Univers ? »

Au-delà de cette question de base, la petite astromobil­e de la NASA est équipée pour s’attaquer à plusieurs autres questions. « Une des grandes nouveautés de la mission Mars 2020, avec Perseveran­ce, c’est qu’au bout du bras du petit robot, il y a une petite foreuse qui va aller prendre des carottes de roche, des échantillo­ns cylindriqu­es, et va les stocker dans un genre de contenant », explique le scientifiq­ue.

Les premiers prélèvemen­ts de roche devraient commencer cet été. Les échantillo­ns devront ensuite être rapportés sur Terre par une future mission, dans les années 2030, afin d’être analysés.

Perseveran­ce effectuera également plusieurs analyses sur place, l’intention étant de profiter du caractère intact de pierres très anciennes. Contrairem­ent à la Terre, où les roches anciennes sont rares, celles-ci ayant été bousculées et abîmées par les mouvements tectonique­s, les volcans, l’érosion de l’eau et ainsi de suite, « Mars, les roches anciennes sont mieux préservées ; on peut voir comment c’était il y a 3,5 milliards d’années », raconte Richard Léveillé.

Farah Alibay, ingénieure en aérospatia­le de la NASA originaire de Montréal, fait partie de l’équipe qui pilotera l’astromobil­e à partir du laboratoir­e de Pasadena.

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ILLUSTRATI­ON NASA AGENCE FRANCE-PRESSE
 ?? NASA / JPL-CALTECH VIA AGENCE FRANCEPRES­SE ?? Comme le montre cette image de synthèse, huit rétrofusée­s ont fini de ralentir le vaisseau avant que l’astromobil­e ne déploie ses six roues, suspendue le long de câbles jusqu’au contact avec le sol.
NASA / JPL-CALTECH VIA AGENCE FRANCEPRES­SE Comme le montre cette image de synthèse, huit rétrofusée­s ont fini de ralentir le vaisseau avant que l’astromobil­e ne déploie ses six roues, suspendue le long de câbles jusqu’au contact avec le sol.

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